Près de 80% des professeurs ont répondu à l'appel à la grève lancé par quatre syndicats enseignants ce jeudi au collège Barnave à Saint-Egrève. Manque de moyens, d'effectifs ou encore d'infirmières : ils dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail, flagrante en cette rentrée.
Depuis trois semaines, ils n'en finissent plus d'alerter leur hierarchie et les parents d'élèves. Classes surchargées, manque d'effectifs dans tous les secteurs, et manque de personnels spécialisés, les griefs sont nombreux.
"On a des suppressions de postes massives depuis des années, il manque 1880 postes au niveau national et nous concrètement ça se traduit par des classes qui sont très chargées : on a beaucoup de classes à 30 élèves, et elles sont toutes au-delà de 28 élèves", s'insurge Cécile Sanchez, professeur d'histoire-géographie.
Une classe sans prof de maths
"On manque de profs", poursuit-elle. "On a une classe notamment qui n'a pas de prof de mathématiques depuis le début de l'année, une classe de 6e. Donc, depuis trois semaines, ça veut dire quatre heures de moins de cours hebdomadaires pour ces enfants. Et trouver quelqu'un, un contractuel pour 4 heures, c'est très difficile. On est en train de voir aussi les effets d'un métier qui n'attire plus, parce qu'il est sous-estimé, sous payé et méprisé par notre gouvernement et notre ministre. Je crois que c'est aussi la goutte d'eau qui fait déborder le vase".
Un ras-le-bol largement partagé au vu des chiffres de la mobilisation dans ce collège de l'agglomération grenobloise. 30 des 38 professeurs ont choisi de débrayer aujourd'hui, dès 8h, devant les grilles de l'établissement.
Pas d'infirmière...en période de pandémie
C'est le cas notamment d'Isabelle Ardin, professeur EPS, qui dénonce particulièrement l'absence d'infirmières. "On a des élèves qui ont des plans d'accompagnement individualisés parce qu'un problème médical est reconnu. Les infirmières ne sont pas là pour renouveler ces plans d'accompagnement, donc cela nous expose au fait de ne pas pouvoir accompagner ces élèves quand on est en sortie randonnée par exemple. C'est le CPE ou le chef d'établissement qui se fait le relais de l'infirmière, mais ils ne sont en aucun cas compétents pour pouvoir faire ce genre de choses", indique-t-elle.
Les enseignants dénoncent également le manque de moyens humains qui touche aussi les agents d'entretien, les assistants d'éducation, ou les AESH qui accompagnent les élèves en situation de handicap.
A leurs côtés, des parents d'élèves, venus leur apporter leur soutien. "On est venus leur dire : on comprend votre démarche. On veut démontrer qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas pour que ça se sache et que ça remonte. On voit bien qu'il y a une tension qui s'installe au niveau des moyens que l'école a pour travailler", précise Cédric Essermeant, parent d'élève.
Manifestation ce jeudi après-midi à Grenoble
D'autres parents d'élèves, comme Céline Gilot, pointe le manque d'effectifs qui entraîne la suppression d'ateliers pour les enfants. "En sciences, par exemple, avant les professeurs divisaient la classe en deux pour faire des expériences et manipuler les microscopes. Cette année, ce n'est pas possible, donc les élèves font leurs expériences à l'écrit, sur papier".
La mobilisation des enseignants de ce collège répond à l'appel à la grève lancé par quatre organisations syndicales ce jeudi : CGT éducation, FO, la FSU et Sud Solidaires éducation. Un défilé est prévu dans les rues de Grenoble à partir de 14h pour demander "un plan d’urgence dans l’éducation, pour les postes, les salaires, et l’amélioration des conditions de travail", ont fait savoir les syndicats dans un communiqué.