Harcèlement scolaire. "En deux mois, nous avons découvert entre cinq et six cas" : le questionnaire présenté dans un collège de Grenoble

Selon une étude Ifop, un collégien ou lycéen sur cinq est victime de harcèlement scolaire. Pour endiguer ce fléau, Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, a dévoilé jeudi 9 novembre un plan d’action composé de plusieurs mesures, dont un questionnaire qui va être soumis à tous les élèves dans les prochains jours. Il vient d'être présenté dans un collège de Grenoble.

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Dos au tableau, face à une classe d’élèves de 5è, une actrice incarne une jeune fille harcelée. "Je voudrais disparaître ! Je ne supporte plus ma voix, mon prénom ! Je voudrais partir loin de vous tous !" crie-t-elle.

"Bien entendu, c’est déjà arrivé dans ce collège" raconte Stéphanie Segur, principale du collège Charles Münch à Grenoble. "Je dis 'bien entendu' comme si c’était une fatalité, reprend-elle. Depuis que j’ai pris la direction de cet établissement, il y a deux mois, nous avons découvert entre cinq et six cas. Deux d’entre eux se sont avérés très importants, l'un était suffisamment grave pour le faire remonter aux instances supérieures".

La prestation de l’actrice dure près d’une heure. Face à elle, les sourires moqueurs et fous rires étouffés des premiers instants laissent place à un silence attentif. À la fin de la représentation, des applaudissements nourris, puis un temps d’échange avec les élèves. L’actrice répond aux nombreuses questions : "Est-ce que la personne qui a écrit la pièce a vraiment vécu ça ?", interroge un élève. "Oui, elle s’appelle Pauline, et s’est largement inspirée de ce qu’elle a vécu au collège".

Silence dans la salle.

Après un moment, une autre main se lève, puis une autre. Puis les questions pleuvent. Comme souvent, au cours de l’adolescence, il suffit d’un ou deux leaders, pour entraîner tout un groupe vers le meilleur, ou le pire. "Pourquoi elle ne s’est pas révoltée contre tous ceux qui l’embêtaient ?" demande une élève. "Car elle se sentait seule et trahie par ceux qu’elle pensait être ses amis", lui répond l’actrice.

Un questionnaire soumis aux élèves 

Ce travail de sensibilisation au harcèlement scolaire est une introduction aux prochaines étapes du plan gouvernemental. Un questionnaire, élaboré par des pédopsychiatres, sera soumis à tous les élèves de France dans les prochains jours. Quelques pages et des réponses sous forme de cases à cocher. "L’idée, c’est que, même si les réponses sont anonymes, le chef d’établissement a un retour collectif, global, du climat scolaire dans son établissement pour évaluer s’il y a des difficultés", explique Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble, présente  lors de la représentation.

Tendre la main et un stylo aux élèves, pour mieux détecter la détresse, tant qu’il en est encore temps. Dans ce collège grenoblois, le questionnaire sera soumis aux élèves en début de semaine prochaine. "Nous avons pris le temps de discuter avec les enseignants et de comprendre comment se servir au mieux de ce nouvel outil, parce que s’ils ne se l’approprient pas, il n’a pas d’intérêt. Il ne faut pas oublier que ces enseignants ont un rôle très important, un rôle de repérage. Ce sont en général les premiers adultes vers qui se tournent les élèves. Donc il faut les responsabiliser mais aussi les rassurer ; car parfois, lorsqu’ils sont dépositaires d’une parole ou d’un évènement, il est difficile de savoir comment gérer cette situation".

D'autres mesures pour lutter contre le harcèlement scolaire

En déplacement en Isère, Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’enfance se fait le porte-voix de ce nouveau plan gouvernemental. "Ce questionnaire est là pour que les enfants et les jeunes évaluent le degré de mal-être dans lequel ils sont, détaille-t-elle. Il y aura des questions comme par exemple : 'Avez-vous subi des critiques qui vous ont blessées ?' ou des questions plus précises qui permettent de mesurer s’ils sont affectés ou pas par ces critiques. C’est donc le degré d’impact sur les enfants qui sera mesuré".

Au questionnaire, s’ajoute une série de mesures, dont la mise en place d’un logo sur les réseaux sociaux pour signaler les contenus dangereux. "Il y a désormais un bouton 'Harcèlement' sur Facebook et Whatsapp. Il sera très clairement mis en évidence et permettra aux enfants d’appuyer dessus, comme un bouton d’urgence pour dire : 'J’ai un problème'. Ils pourront ainsi obtenir le retrait de ces publications en moins d’une heure".

Autre mesure : un numéro d'aide aux jeunes victimes de cyberharcèlement, le 3018, qui permet une mise en contact avec des psychologues et des juristes pour accompagner les enfants et leurs parents dans les démarches à suivre.

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