L'institut cardio-vasculaire du groupe hospitalier mutualiste de Grenoble a mis au point une nouvelle technique opératoire de pose de valve aortique. Elle serait moins risquée, et beaucoup moins coûteuse.
Le docteur Benjamin Faurie et son équipe ont mis au point une innovation révolutionnant l'implantation de valve aortique. Développée à l'institut cardio-vasculaire du groupe hospitalier mutualiste de Grenoble (GHM), cette technique présente moins de risque de complications pour le patient. Et surtout, elle est beaucoup moins coûteuse.
Pour remplacer la valve aortique d'un patient, l'ancienne méthode utilisée par les centres hospitaliers consistait à introduire une prothèse par l'artère fémorale, nécessitant l'implantation d'un pacemaker. L'intervention présentait un risque élevé, engendrant de nombreuses complications vasculaires et un taux de mort subite relativement haut.
Avec cette nouvelle technique du docteur Faurie, la durée d'intervention réduite à 30 minutes au lieu de 3 heures, réduisant donc le risque de complications. "Le pacemaker est remplacé par un petit fil guide qui achemine la prothèse valvulaire", explique le chirurgien grenoblois. Les deux méthodes ont été comparées dans une étude réalisée auprès de 304 patients pendant un an, et les résultats sont sans appel.
"On nous a pris pour des fous"
Le taux de succès de cette nouvelle technique est de 100%, la durée de la procédure raccourcie de 12%, l'exposition aux rayons diminuée de 7% et "on économise 630 euros par procédure", souligne le Pr Jacques Monségu, cardiologue interventionnel et responsable de l'institut Cardio-Vasculaire du GHM. L'économie en termes de santé publique pourrait atteindre 10 millions d'euros, estime le groupe dans un communiqué.
"Au début de cette technique, on nous a un petit peu pris pour des fous et finalement l'adhésion de la communauté scientifique s'est faite d'elle-même, se félicite le Dr Faurie. Quand on essaye cette technologie, on ne revient pas en arrière." La technique a séduit les équipes françaises : près de 70% des centres de cardiologies l'utiliseraient déjà. Elle n'a toutefois pas encore été exportée à l’étranger, mais un perfectionnement devrait y contribuer.
"Vis-à-vis de la communauté internationale, c'est très important de montrer qu'on est toujours à la pointe de la recherche, du progrès. Les Français ont toujours été innovants dans toutes les techniques de la cardiologie interventionnelle. On s'inscrit dans cette dynamique d'innovation grâce à cette étude", ajoute le Pr Monségu.
Lauréat 2019 du célèbre concours d'innovation I-lab, la technologie innovante du docteur Faurie a été présentée en avant première au congrès américain de cardiologie interventionnelle de San Francisco en septembre. Une première utilisation chez l'Homme avec le nouveau dispositif en cours de développement est prévue en début d'année 2020.