INTERVIEW. Isère : "C'est un devoir républicain, humain et assumé d'accueillir chez nous des réfugiés afghans"

Jean Castex a annoncé, jeudi 26 août, que les opérations d'évacuation depuis Kaboul s'achèveront demain soir. La prise en charge des réfugiés afghans se met tout juste en place. En Isère, le Pont-de-Claix sera ville d'accueil, un "devoir républicain et humain", réaffirme son maire C. Ferrari.

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Le dernier avion français partira de Kaboul, vendredi 27 août au plus tard. L'opération française actuelle en Afghanistan s'achèvera totalement vendredi soir, échéance après laquelle "on ne peut plus procéder aux évacuations à partir de l'aéroport de Kaboul", a annoncé jeudi 26 août le Premier ministre français Jean Castex, sur RTL.

En attendant, le dispositif de prise en charge sur le sol français des Afghans qui ont pû être évacués se met tout juste en place. Ce n'est que tout récemment, mardi 24 août, que la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé que la région avait été "désignée" terre d'accueil pour 270 réfugiés.

A l'origine, deux communes avaient été retenues en Isère, avec 60 places d’hébergement envisagées à Pont-de-Claix et Monbonnot-Saint-Martin. Cette dernière ne fera finalement pas partie de la liste, a-t-on appris mercredi soir.

C'est que pour l'instant, la configuration de la politique d'accueil sur le sol français est encore floue, et se met en place un peu "au fil de l'eau" en fonction du nombre de personnes à accueillir. En Isère, le Pont-de-Claix doit prochainement accueillir quelques familles. Où ? Quand ? Comment ? Et pour combien de temps ? Christophe Ferrari, maire de la commune, et par ailleurs président de la Métropole, n'a pas encore lui-même toutes les réponses.

"Concrètement, on ne sait pas encore vraiment comment ça va se passer. Plusieurs points sont encore trop hypothétiques. On nous a dit qu'on reviendrait vers nous, nos services ne sont pas mobilisés, peut-être que nous ferons appel ponctuellement à notre restauration collective pour des repas, mais on ne sait pas, on se tient prêts et on verra. Ce qui compte, c'est de pouvoir être en mesure de les soutenir".

 

Je le fais de manière républicaine, assumée, militante, en disant oui, c'est du rôle aujourd'hui des communes choisies par l'état d'accompagner la politique d'accueil de réfugiés afghans en cette période".

"On ne peut pas à la fois être ému, choqué par ce qui pourra se passer demain en Afghanistan et notamment par les Talibans et ici  faire la fine bouche lorsqu'il s'agit de recevoir des gens qui ont besoin qu'on les soutienne. Je le fais de manière républicaine, assumée, militante, en disant oui, c'est du rôle aujourd'hui des communes choisies par l'Etat d'accompagner sa politique d'accueil en cette période".

Le maire du Pont-de-Claix a déjà eu plusieurs contacts avec les services de l'Etat précisément, avec le sous-préfet notamment qui lui a confié que "ces personnes sont très affectées, qu'elles doivent avoir la possibilité de conditions d'accueil calmes, d'un certain isolement nécessaire, par sécurité, mais aussi pour être accompagnées par les associations, Entraide Pierre Valdot par exemple, que l'on connaît bien, qui sont de bons professionnels du suivi social de ces populations "transbahutées", comme l'on dit communément".

 

On sait tous ce qu'il va se passer pour cette population, ça va être le grand retour au Moyen-Âge

Alors où ces personnes vont-elles pouvoir trouver refuge ? "La préfecture a sélectionné des lieux, et m'a demandé de ne pas les communiquer, je ne les communique donc pas. Je peux seulement vous dire que ce ne sera pas des locaux municipaux - j'ai entendu des rumeurs sur le CCAS EDF, ce n'est absolument pas le cas, d'autant plus que le centre est encore occupé par la fin des activités d'été, que des travaux sont prévus et que ce lieu est dédié par ailleurs aux personnes SDF, qui ont des difficultés notamment l'hiver, et qui dorment dehors". Façon de répondre à ceux qui sur Facebook, l'ont déjà interpellé sur le sujet, suggérant que l'accueil de réfugiés afghans allait "dépouiller" les autres dispositifs d'aide aux plus démunis.

"Nous sommes les premiers à avoir ouvert un centre de demandeurs d'asile depuis de longues années. Cela fait partie de notre tradition républicaine et de notre histoire. (...) Personnellement j'ai été très ému de voir les Talibans reprendre le contrôle de ce pays. Ce sont pas des enfants de choeur, on  sait tous ce qu'il va se passer pour cette population, ça va être le grand retour au Moyen-Âge, donc aujourd'hui un tout petit nombre seront là, on ne sait d'ailleurs pas pour combien de temps, ils vont peut-être être dispatchés ailleurs par la suite."

 

"On peut tout de même recevoir ici trente ou soixante personnes dans une ville de 10 500 habitants !"

Comment les habitants de la commune réagissent-ils ? Les informations récentes sur l'arrestation de "talibans" infiltrés présumés ont provoqué parfois une certaine inquiétude de la population. "Je comprends cette inquiétude, mais je rassure", répond Christophe Ferrari : "je fais confiance à nos services de sécurité intérieure pour déterminer qui peut rentrer, ça se fait déjà. J'ai confiance en l'état et en notre police, mais quand on voit ces images de Kaboul, ces avions pleins comme des oeufs avec des gens qui essaient de fuir des tortionnaires, des barbares, on se dit que l'on peut tout de même recevoir ici trente ou soixante personnes dans une ville de 10 500 habitants !"

Et de conclure, non sans une certaine émotion : "Vous savez, je suis un vrai fils d'immigré, et de ce point de vue-là, je reste attentif à ce que je suis, et à ce que j'ai été."

 

 

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