Après la manifestation organisée ce vendredi 13 novembre au soir sur le massif de Belledonne, le professeur Payen du CHU Grenoble estime que les dérogations ne permettront pas de venir à bout de la crise sanitaire.
Le cœur de Belledonne n'a pas mis que de la lumière dans les yeux des Grenoblois... il en a aussi agacé certains. En effet, ce vendredi 13 novembre, le soir isérois s'est retrouvé illuminé par une cinquantaine de manifestants, qui ont formé un cœur sur le Grand Colon.Une mobilisation de montagnards, destinée à réclamer plus de liberté pendant le confinement. Dans leur viseur : la règle des "un kilomètre, une heure", qui ne leur permet plus de parcourir les massifs. "En ces temps de lutte contre le Covid et de confinement, pouvoir prendre l'air devient vital", a ainsi écrit sur Facebook Frédi Meignan, le président de Mountain Wilderness en soutien aux manifestants.
La montagne la nuit : une "prise de risque" inutile
Une mobilisation qui ne fait pas l'unanimité, notamment dans le domaine médical. Pour le professeur Jean-François Payen, responsable du pôle anesthésie-réanimation du CHU Grenoble-Alpes, l'initiative est "une prise de risque", car "sortir en montagne la nuit est dangereux et fait craindre qu'on soit à court de lits pour les traumatismes alors qu'on gère aussi les patients Covid".Au-delà, il considère également que ce cœur est "un manque de respect flagrant dans une société où on devrait être plus solidaires les uns avec les autres".
Je réagis en tant que citoyen. Si j'étais restaurateur, je l'aurais mauvaise. Mon commerce a fermé parce que le virus continue de circuler et des gens se croient tout permis.
"Un sentiment d'impunité"
Pour lui, il s'agit d'une question de cohérence : "Si je veux retourner en montagne, je dois m'imposer les règles comme toute la population. Comme ça, on arrête la crise plus vite, et on peut rouvrir les commerces et retourner en montagne."Le professeur Payen reconnaît que, "évidemment, ils ne vont pas attraper le coronavirus à 2 000 mètres d'altitude". Il estime cependant que les manifestants "montrent qu'on peut s'affranchir des règles sanitaires sans se faire rattraper par la patrouille", et répandent "un sentiment d'impunité" chez les personnes moins enclines à respecter les gestes barrières et le confinement.
Pour conclure, Jean-François Payen estime que "si on commence à accepter" des petites dérogations, comme ceux des manifestants du Grand Colon, "demain on aura d'autres manifestations pour tout, on ne maîtrisera plus rien et on aura une troisième vague alors qu'on commence à peine à gérer la deuxième".