Dix jeunes atteints du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme, ont fait leur rentrée à l'École des pupilles de l'air à Montbonnot (Isère). Il s'agit de la première promotion d'élèves en situation de handicap à intégrer cet établissement militaire.
Tous en rang, vêtus de chemise blanches immaculées, dix jeunes de l'École des pupilles de l'air ont reçu leur insigne mercredi 25 septembre, marquant leur entrée dans cet établissement militaire. Et leur arrivée dans cette structure signe un grand virage en faveur de l'intégration d'enfants handicapés pour le seul lycée de la Défense de l'armée de l'air en France.
C'est la première fois que cet établissement implanté à Montbonnot (Isère), près de Grenoble, accueille des élèves atteints du syndrome d'Asperger. Ces jeunes autistes, qui souffrent de difficultés significatives dans les interactions sociales, suivront une partie de leur scolarité en inclusion dans les autres classes. Au premier rang lors de la cérémonie de remise des insignes, leurs parents affichent un large sourire.
Alors que la scolarisation des enfants en situation de handicap relève souvent d'un parcours du combattant, Anthony Chudeau se réjouit de l'entrée de son fils Matheo à l'École des pupilles de l'air. "C'est le grand jour pour mon fiston, la cérémonie, s'exclame-t-il. Il a fait beaucoup de progrès depuis son entrée ici, il est autonome, ça change la vie."
"C'est un vrai défi"
Prendre part à une telle cérémonie n'est pas si simple pour des adolescents qui ont souvent du mal à gérer et exprimer leurs émotions. Alors avant la grand messe, Vania Chauvière les soumet à une série d'exercices pour gérer leur stress. "Certains perçoivent l'émotion plus fort que nous parce qu'ils ont une hypersensibilité visuelle ou auditive, donc ils vont se balancer pour réguler leur tonus, explique l'orthopédagogue. On doit apporter des moments où ils vont pouvoir le faire pour qu'ils puissent supporter leur environnement."
L'ouverture de cette nouvelle classe relève d'un partenariat inédit entre le ministère des Armées et l'Éducation nationale. Pour accélérer leur progression, ces dix jeunes seront répartis chaque jour en groupes de cinq. Et à partir du collège, ils pourront intégrer le cursus normal de l'École des pupilles de l'air, avec l'appui des professeurs et du personnel médico-social de la structure.
"Le contenant du groupe est apaisant pour ces enfants souffrant d'autisme parce qu'ils ont besoin d'un cadre, note Géraldine Gonda, infirmière coordinatrice sur le département de l'Isère. Tout est structuré : le temps, l'environnement... S'appuyer sur le groupe est aidant pour limiter l'angoisse d'être seul, perdu. Ce sont des repères autant visuels que de structure qui permettent d'accompagner au mieux ces enfants."
Après la cérémonie, le personnel de l'École est fier de constater que les jeunes ont tous réussi à rester calmes pendant une heure. "Ils nous montrent tous les jours qu'ils ont des possibilités, qu'ils veulent faire comme tout le monde, se réjouit Olga Da Costa, éducatrice-coordinatrice. Ce cadre les motive, ils prennent exemple sur les autres. D'avoir leur insigne, d'être au milieu de leurs pairs et pas dans un établissement entre eux, ça les motive." Et d'ajouter avec enthousiasme : "C'est un vrai défi, mais je pense qu'on l'a déjà gagné."