Pour avoir forcé l'accès d'un site SNCF à Saint-Martin-le-Vinoux, six personnes ont été mises en examen ce mardi 8 septembre et placées sous contrôle judiciaire. Elles ont expliqué "faire du repérage pour installer une ZAD" dans les jardins de la Buisserate menacés par un projet immobilier
Les six personnes arrêtées sur le site SNCF de Saint-Martin-le-Vinoux dans la nuit du 4 au 5 septembre dernier, ont été mises en examen pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations et tentative d’installation en réunion sur le terrain d’autrui" a indiqué ce mardi 8 septembre le parquet de Grenoble.
Agées de 21 à 29 ans, elles ont été placées sous contrôle judiciaire, avec des obligations à respecter, comme celles de pointer une fois par semaine à la police ou gendarmerie, l'obligation de travailler ou de suivre une formation ou encore l'interdiction d’entrer en contact avec les autres mis en examen.
Au juge d'instruction, elles ont expliqué avoir voulu "faire du repérage pour la mise en place d'une Zone A Défendre, une ZAD, dans les jardins ouviers de la Buisserate situés juste en face. Des jardins appelés à disparaître dans le cadre d'un projet de rénovation de quartier".
Ce projet prévoit la construction d'immeubles sur l'actuel jardin de la Buisserate, dont les 5000m2 seraient drastiquement réduits. Quatre immeubles comprenant 90 logements, dont des logements sociaux, doivent y sortir de terre.
Interrogé ce mardi 8 septembre, Sylvain Laval, maire DVG de Saint-Martin-le-Vinoux veut rassurer:" Il existe en effet un projet immobilier, mais il ne comporte pas l'élimination pure et simple de ces jardins. Sur demande de la municipalité de l'époque, que je reprends bien volontiers, il y aura des jardins partagés, pas sur la même surface évidemment mais il y aura des jardins partagés, ouverts aux habitants, ainsi que des espaces verts, nous y sommes très sensibles", affirme-t-il.
Car depuis plusieurs mois, des résidents et des associations se mobilisent bel et bien pour faire barrage à ce projet immobilier, mais celles que nous avons pu joindre se défendent de tout lien avec les activistes interpellés.
A l'instar de Thomas Klein, Directeur de France Nature Environnement Isère qui assure : "Non, nous n'avons pas de lien avéré avec les personnes interpellées hier. Nous, nous n'avons pas forcément une approche de l'ordre du zadisme, mais on s'attache au Code de l'Environnement, avec une vision légaliste des choses. Nous allons engager des démarches de conciliation, dans le cadre des éléments de droit qui existent, pour faire avancer le dossier.
Nous avons déjà agi dans des contentieux où il y avait des zones à défendre, comme pour le projet Center Parcs à Roybon, nous avons mené des combats juridiques pour contrer le projet".
Un collectif de citoyens pour sauver les "jardins ouvriers de la Buisserate"
Des citoyens ont constitué un collectif pour défendre ces jardins partagés qu'il "tiennent à préserver en l'état". Un combat qu'ils ont engagé il y a plusieurs années déjà, alors que le projet a commencé à se dessiner, et qu'ils racontent, non sans humour et poésie en bulles de bande dessinée, sur le blog d'Avenir les Terres 38.Voilà plusieurs semaines qu'ils invitent sur leur page Facebook baptisée "les jardins de le Buisserate" dédiée à la préservations des terrains "tels qu'ils sont" les résidents et tous les volontaires, tous les dimanche, à une journée de mobilisation et de jardinage sur place.
Si aucun lien n'est a priori avéré avec les six "zadistes" interpellés dans la nuit du 4 septembre, dans un communiqué plutôt caustique intitulé "Flash exlu BFMTV. Ensauvagement des jardins de la Buisserate en cours!" le collectif dénonce des sanctions prononcées par "un État qui criminalise des personnes minoritaires de par leur condition sociale ou leurs engagements, utilise des moyens répressifs disproportionnés et porte un discours stigmatisant amplement relayé par les médias", avec à la clé une vidéo pastiche de jardiniers encagoulés, armés de poireaux et de ...navets.