Une étude réalisée par le cabinet ENEIS auprès de 1 400 jeunes de l'agglomération de Grenoble révèle une "consommation particulièrement banalisée", et "une méconnaissance des impacts sur la santé".
"Réalisation d’une étude croisant les enjeux des conduites addictives et de consommation de substances psychoactives chez les jeunes avec ceux du trafic de stupéfiants".
C'est le titre de cette étude rédigée en mai 2019, commandée par la Métropole de Grenoble, dans le cadre du Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance.
Le cabinet ENEIS a adressé des questionnaires à 1 300 lycéens de la Métropole grenobloise. Il a aussi mené des entretiens avec plus de 130 jeunes rencontrés dans la rue ou en lien avec diverses institutions.
Six quartiers ciblés dans la métropole
Ces entretiens ont eu lieu dans 6 quartiers ciblés pour être représentatifs de la réalité métropolitaine.
• Quartier prioritaire : Abbaye Jouhaux Teisseire (secteur 5 Grenoble) + extension Renaudie Saint-Martin d'Hères
• Centre-Ville : Alma-Très Cloitres, Chenoise, Hoche, Saint Bruno (secteur 1 et 2 Grenoble)
• Quartier en veille active : Saint-Egrève / Saint-Martin le Vinoux (secteur tram Ligne E)
• Nord-est Métropole : Meylan
• Nord-ouest Métropole : Sassenage + extension Fontaine (secteur collège et lycées)
• Quartier périurbain : Vizille (secteur collège et lycée, quartiers des Mattons et du Grand Trou)
La consommation de stupéfiants banalisée
Les résultats de l'enquête ne sont certes pas stupéfiants, mais ils interpellent, les pouvoirs publics en particulier.
Voici quelques extraits choisis du contenu de l'étude ENEIS.
LE CANNABIS, MAIS AUSSI LA BANALISATION D’AUTRES PRODUITS
Parmi l’ensemble des jeunes rencontrés dans le cadre de l’étude, seule une faible proportion déclarent n’avoir jamais testé aucun produit.
Au-delà du cannabis, les jeunes consomment également de la MDMA, de l’ecstasy, de la cocaïne ou encore des champignons hallucinogènes.
On observe une normalisation et une banalisation de la consommation de ces produits, en particulier dans un cadre festif.
UNE CONSOMMATION DANS L’ESPACE PUBLIC PARTICULIÈREMENT BANALISÉE AU SEIN DE LA MÉTROPOLE
L’ampleur de la cohabitation entre des jeunes consommateurs de cannabis et des familles dans les lieux publics semble très spécifique à la métropole grenobloise.
Elle reflète une normalisation de la consommation de cannabis dans l’espace public.
Les jeunes sous estiment fortement le risque judiciaire lié à la consommation de stupéfiants.
La majorité d’entre eux considèrent risquer tout au plus un rappel à l’ordre de la part des forces de police en cas
d’interpellation.
UNE MÉCONNAISSANCE DES IMPACTS DE LA CONSOMMATION SUR LA SANTÉ
L’impact santé est rarement pris en compte par les jeunes : le risque santé ne fait pas partie des freins à la consommation ou très rarement.
Les usagers rencontrés ont des notions plutôt vagues de l’impact sur leur santé d’une consommation précoce et régulière des substances psychoactives.
Ils évoquent le « cancer du poumon », des « risques psychiques » ou encore de la « paranoïa », sans avoir d’idée précise des conséquences sanitaires liées à la prise de produits.
UNE VISION TRÈS PARTIELLE DES IMPACTS INDIRECTS DE LA CONSOMMATION
Dans le cadre scolaire, la consommation de cannabis est davantage citée comme un palliatif pour trouver une motivation à aller en cours que comme source de démotivation ou de décrochage scolaire.
La prise de conscience de cet impact a lieu a posteriori, au moment de l’entrée dans la vie professionnelle.
UN APPROVISIONNEMENT QUI NE POSE AUCUNE DIFFICULTÉ, OÙ QUE L’ON SOIT DANS LA MÉTROPOLE
Les points de deal au sein de l’agglomération sont parfaitement identifiés, y compris par des non-consommateurs ou des consommateurs qui n’achètent pas en direct.
Les réseaux locaux sont très structurés et cherchent à développer le deal propre sur l’ensemble de l’agglomération.
Les trafiquants assurent ainsi une forme de protection des clients sur les points de vente pour sécuriser l’acte d’achat.
Un "plan stup" dans la Métropole
Le Procureur de la République de Grenoble annonce la prochaine "verbalisation électronique" des consommateurs dans le cadre du nouveau "Plan stup".
Rappelons d'ailleurs que le montant d'une amende pour usage de stupéfiants peut s'échelonner de 150 à 450 euros.
De son côté, la Métropole grenobloise lancera fin novembre une campagne d'information sur les risques liés à la consommation de drogues.
A cette occasion, des maraudes associatives devraient faire le tour des lieux festifs de l'agglomération.