À l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la structure Solidarité Femmes Miléna, basée près de Grenoble, a pu bénéficier de logements d'hébergement supplémentaires, ce jeudi 25 novembre, pour aider des personnes victimes d'agressions physiques comme psychologiques.
En France, hors homicides, les forces de sécurité ont recensé 139 200 femmes victimes de violences conjugales commises par leur partenaire, en 2020. Soit une hausse de 10 % sur un an. D'après les mêmes chiffres du ministère de l'Intérieur, 102 femmes sont mortes, l'année dernière, sous les coups de leur conjoint.
Un dernier chiffre qui serait en baisse, mais qui ne refléterait pas l'ampleur du phénomène : "Je ne suis pas sûre que cela reflète la réalité du terrain. On ne voit pas une baisse des violences, on reçoit toujours autant de femmes et on n'a pas encore de prises réelles pour enrayer ce phénomène", réagit Monique Pradier, cheffe de service à Solidarité Femmes Miléna, ce jeudi 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Cette petite structure, située à Eybens en Isère, reçoit des appels à longueur de journées. Elle écoute, conseille, prend en charge et héberge des femmes agressées.
Des violences toujours aussi présentes
L'équipe dispose de 170 places dans 71 logements situés dans l'agglomération grenobloise (30 hébergements d'urgence orientés via le 115 et 41 hébergements destinés à des séjours sur du plus long terme). Ce jeudi 25 novembre, la structure a signé une convention avec la mairie d'Echirolles pour en obtenir trois de plus, "une très bonne nouvelle", pour Monique Pardier.
Tous les ans, on reçoit près de 3 500 appels.
Monique Pardier, cheffe de service à Solidarité Femmes Miléna.
Mais, face à l'immense demande dans l'agglomération, il en faudrait bien plus : "Nos hébergements sont quasiment tous remplis." Elle poursuit : "Tous les ans, on reçoit près de 3 500 appels. Trois-cent-cinquante femmes sont suivies régulièrement. Cette dernière année, les confinements successifs n'ont pas aidé."
"Nous avons reçu des appels très régulièrement durant cette période. Avoir son conjoint constamment à proximité a favorisé ces violences et cela n'a pas été facile pour les victimes de demander de l'aide." En 2020, les trois départements alpins (Isère, Savoie et Haute-Savoie) ont enregistré en moyenne 4,6 femmes victimes de violences âgées de 20 ans ou plus pour 1 000 habitantes de mêmes sexe et âge, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur.
Des agressions physiques mais aussi psychologiques
Ces violences sont aussi bien physiques, qu'économiques ou encore psychologiques. Ces dernières souffrances sont plus pernicieuses : "Elles demandent beaucoup d'attention. Ces sévices limitent les actions, le champ des possibles, pour la femme en question. Elles empêchent de penser et de faire, du fait d'un manque de discernement sur sa propre situation. Les femmes qui en sont victimes sont généralement confuses, elles ne savent pas toujours qu'elles subissent des agressions."
La structure propose une première écoute à ces femmes qui n'ont, dans beaucoup de cas, jamais pu parler.
Monique Pardier, cheffe de service à Solidarité Femmes Miléna.
"La structure propose une première écoute à ces femmes qui n'ont, dans beaucoup de cas, jamais pu parler", explique Monique Pradier. Des écoutes, des aides et aussi des solutions juridiques leur sont proposées, ainsi qu'à leurs enfants, pour les éloigner du conjoint violent.
Un accueil de jour pour recevoir ces femmes
Au 2 rue Roland Garros, à Eybens, les femmes victimes d'agressions peuvent trouver un accueil de jour ouvert de 9 heures à 17 heures. Elles peuvent y rencontrer la petite équipe de travailleurs sociaux, une psychologue mais aussi une infirmière et entamer des démarches si elles le souhaitent.
"Nous accueillons toutes les femmes, pas juste celles qui ont subi des violences conjugales. Nous pouvons par exemple recevoir des prostituées victimes du trafic d'être humains ou des personnes victimes de violences intra-familiales", précise la cheffe de service.
Il y a encore fort à faire.
Monique Pardier, cheffe de service à Solidarité Femmes Miléna.
Face à tout ce travail, Monique Chardier déplore un manque de moyens. "Nous aimerions plus de personnels, plus de travailleurs sociaux pour aider ces femmes et ces enfants, pris eux aussi dans ce mécanisme. Il y a encore fort à faire", conclut-elle.
Des numéros d'urgence (le 3919 et le 17 de la police) ainsi qu'une plateforme du gouvernement existent pour témoigner face à ces violences.