Dans la nuit du vendredi au samedi 17 avril, les policiers de Grenoble ont été pris dans une embuscade quartier de l'Aigle. Ils ont essuyé une nouvelle fois plusieurs tirs de mortiers. Une pratique devenue régulière qui interroge les autorités.
Pour la deuxième fois, cette semaine, les policiers de Grenoble ont été attirés dans un guet-apens. Ce samedi, vers 23 heures, une voiture incendiée et un tronc d'arbre ont été installés en plein milieu de la route, rue Léo Lagrange dans le quartier de l'Aigle. A leur arrivée sur les lieux, les forces de l'ordre disent avoir essuyé "4 à 5 tirs de mortiers en provenance des jeunes" qui se trouvaient dissimulés dans la pénombre d'un parc entre la rue Léo Lagrange et la rue Général Ferrié. Les policiers ont répliqués par "deux tirs de cougars et un tir de lanceur 40/46".
A l'arrivée des renforts, les jeunes se sont enfuis. Un seul a pu être interpellé. Sa veste a été saisie pour analyse d'éventuelles traces de poudre. Mais le jeune homme, âgé de 19 ans, n'a pu être reconnu par les fonctionnaires visés par les mortiers. Il a donc été laissé libre après avoir été verbalisé pour le non-respect du couvre-feu et le non-respect du port du masque.
Une habitude qui s'installe
C'est la deuxième fois cette semaine que les policiers sont la cible de tirs de mortiers. Jeudi dernier, à la suite d'une intervention pour dégradation de mobilier urbain dans le sud de la ville, des forces de l'ordre ont été visées par "de multiples tirs de mortiers de la part de jeunes du quartier", déclenchant plus d'une heure d'échanges à distance, selon la police.
Le phénomène est récurrent dans l'agglomération de Grenoble. Ces dernières semaines, les bilans journaliers de la police font état quasi-quotidiennement de jets de projectiles ou de tirs de mortiers - des engins pyrotechniques destinés aux professionnels des feux d'artifice - visant les forces de l'ordre en soirée.
Pour quelles raisons ?
Mais qu'est ce qui explique ces accès de violence ? "On se pose tous des questions", reconnaît le procureur de la République Eric Vaillant qui suggère deux pistes : le côté "ludique" de ces mortiers pour des "jeunes qui sont désoeuvrés et qui s'amusent à s'en prendre aux policiers," et une volonté de "nous faire payer le fait que l'on s'en prennent de façon trop active à leurs trafics".
Du côté de la police, on "sait pas trop" pourquoi un soir, plus qu'un autre, des policiers sont visés. "C'est épisodique". "Ils ne sont malheureusement pas très souvent interpellés, mais quand ils sont interpellés, la justice pénale a une réponse d'une grande fermeté", ajoute le procureur, précisant que deux personnes interpellées pour ces faits ont été condamnées en comparution immédiate ces derniers mois à Grenoble, dont l'un maintenu en détention.
"On nous stigmatise quand on utilise un flashball. On nous dit que c'est trop puissant, face à des mortiers qui sont précis à 100 ou 200 mètres", s'agace Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat Alliance. "Comment voulez-vous qu'on puisse riposter, se mettre à interpeller (...) face à une telle différence de moyens ?"