La transhumance inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Unesco : "c'est un hommage fort pour les éleveurs"

L’Unesco a inscrit, ce mardi 5 décembre, la transhumance, le déplacement saisonnier des troupeaux, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pour les professionnels du secteur, il s'agit d'une reconnaissance d'une tradition d'élevage vertueuse.

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Tradition emblématique des Alpes, la transhumance a été classée au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, ce mardi 5 décembre. Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, avaient œuvré, depuis 2019, pour faire reconnaître ces déplacements saisonniers de troupeaux.

La transhumance, c'est le départ des bêtes au printemps pour rejoindre les herbes vertes des alpages en compagnie des éleveurs. C'est aussi leur retour, à l'arrivée de l'hiver, quand les ressources en altitude se font plus rares.

"Cette inscription est un hommage fort rendu par l'Unesco aux éleveurs, bergers et vachers transhumants qui, par leurs pratiques et leur passion pour leur métier ainsi que leurs animaux, font vivre cette pratique", se réjouit le Collectif des races locales de massif (Coram) dans un communiqué.

Des déplacements et une tradition vertueuse

"C'est cet attachement qui permet de préserver des filières de qualité basées sur des systèmes d'élevage vertueux, d'entretenir les territoires pastoraux et la biodiversité afin de répondre aux exigences sociétales pour une agriculture plus durable", poursuit le Coram.

En effet, pour bon nombre d'éleveurs, la transhumance met en lumière une pratique vertueuse de l'élevage. "Les transhumances sont les déplacements entre deux lieux de pâturages. Ce sont des flux pendulaires régulés par les saisons. Ce sont des activités de pastoralisme qui permettent de valoriser les ressources en eau et en herbe dans leur état naturel", explique Bruno Caraguel, directeur de la Fédération des alpages de l'Isère et président de l'association française de pastoralisme, avant de poursuivre : "les bêtes quittent un endroit où les ressources s'amenuisent pour rejoindre un lieu où elles bénéficient d'une alimentation naturelle de qualité."

Il y a un brassage de rencontres, une solidarité humaine qui se forme entre les locaux et les transhumants. Mais c'est aussi le signe que les saisons se renouvellent.

Bruno Caraguel, directeur de la Fédération des alpages de l'Isère.

En Savoie et Haute-Savoie, les bêtes concernées par ces transhumances sont notamment à l'origine d'une production laitière. En Isère, elles concernent surtout la production de viande, de cuir et de laine. "Les massifs de l'Isère, et leur géologie, ne permettent pas de développer la filière laitière comme dans les Savoie", précise Bruno Caraguel.

Un plan de sauvegarde

Tous les ans, ces transhumances sont fêtées dans les villages alpins. Elles sont l'occasion de renouer avec des traditions locales. "La transhumance est une stratégie de nomadisme. Il y a un brassage de rencontres, une solidarité humaine qui se forme entre les locaux et les transhumants. Mais c'est aussi le signe que les saisons se renouvellent."

Pourtant au fil des années, et malgré un nombre de transhumants stable, cette tradition s'est heurtée aux changements de la société : "les troupeaux doivent s'adapter aux nouvelles routes, aux nouvelles infrastructures, mais aussi aux effets du réchauffement climatique et aux nouvelles habitudes d'alimentation."

Cette reconnaissance de l'Unesco est accompagnée d'un Plan de sauvegarde et valorisation de la transhumance (PSVT). Il permettra, entre autres, de mieux encadrer et de protéger cette tradition pour assurer son avenir. En France, près de 7 800 éleveurs et 1 250 000 bêtes sont concernés par cette pratique.

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