"Le TER qui nous précède a pris la foudre" : avec plus de cinq heures de retard, récit d'une nuit de galère dans un TGV Paris-Grenoble

Les intempéries qui ont touché l'Isère n'ont pas épargné les trains, dont le TGV Paris-Grenoble bloqué en pleine voie suite à un problème d'alimentation. Un trajet qui aura duré huit heures au lieu de trois avec des passagers qui ont réussi à transformer ce moment pénible en souvenir joyeux. Parmi eux, une journaliste de France 3.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Il est 21h30, lorsque le TGV en direction de Grenoble, parti à 19h14 de Gare de Lyon à Paris, s’arrête en pleine voie. Après quelques minutes d’attente, le contrôleur annonce un problème d’alimentation électrique de la ligne liée aux orages. 

À travers les fenêtres, les éclairs zèbrent le ciel. On entend l’intensité de la pluie sur la paroi du train. Puis le train avance de quelques mètres : l’espoir de repartir naît mais il est vite arrêté. "Les centrales qui nous alimentent sautent toutes les trois minutes ce qui complique notre avancée", explique le chef de bord. Nous parvenons à rejoindre la Tour-du-Pin, en attendant plus d’informations.

Nouvelle annonce : "le TER qui nous précède a pris la foudre. Ce qui complique notre avancée. Le conducteur est en train de constater les dégâts." Les passagers sortent leurs téléphones et préviennent leurs proches : "Ne pars pas de la maison tant que je ne t'ai pas appelé", prévient un trentenaire à quelques mètres de moi. Quelques réflexions se font à voix haute "le pauvre chauffeur de train sous la pluie" en entendant résonner le tonnerre. Là, on commence à comprendre que le retard sera plus conséquent que prévu. Le chef de bord passe à travers les wagons en tentant de rassurer tout le monde "bon c'est quand même compliqué car on a la totale mais on est à l'abri dans le train."

Domino, lecture, films… Chacun s'occupe

En attendant plus d’informations, les passagers restent calmes. Le barista de la voiture-bar ne s’attendait pas à avoir tant de visites. À côté de lui, trois trentenaires joyeux jouent au domino. "Je vis un super voyage", confie Hugo, grand sourire aux lèvres. Le jeune homme, cheveux mi-long et teint hâlé, ajoute : "On part pour un séjour de retrouvailles entre amis. On ne travaille pas demain. Les gens sont sympas et on a même en avant-première les informations du contrôleur car il fait les annonces à côté de nous !"

En effet, ce dernier rassurer sur son habitude à gérer les imprévus. Les dernières intempéries sur le même tronçon, qui avaient bloqué la gare de Lyon pendant presque toute la journée du 31 juillet dernier, sont évoquées.

Au gré des annonces on voit les visages des gens changent ! A la voiture-bar on est aux premières loges ! Dans l’ensemble la prise en charge est bonne.

Adrien et Margot

Voyageurs

Seul bémol : "Il a fallu attendre pour que l’on nous distribue de l’eau", évoque Margot. En effet, très vite le bar a été ouvert pour les personnes âgées, enfants et femmes enceintes. Quelques passagers un peu remontés ont voulu profiter du dispositif, un air de révolte qui n’a pas été suivi.

Dans le couloir entre les étages, un homme essaye de lire mais avoue "avoir un peu de mal à se concentrer." Le train n’étant pas complet, certains arrivent à s’allonger pour dormir un peu.

Rebrousser chemin

Après 1h30 d'arrêt en pleine voie, toujours impossible de reprendre la marche… Il est décidé de "rebrousser chemin. Un arrêt pour déposer des voyageurs à Bourgoin-Jallieu est possible, avant de s’arrêter à Valence TGV récupérer des repas." Heure d’arrivée annoncée pour le premier stop : environ 00h45 . Celle du terminus, Grenoble : aux alentours de 3 heures.

Les passagers commencent à s’organiser avec ces informations. Vers 2h00, nouvel arrêt à Valence TGV. Les paniers repas sont réceptionnés et déposés en voiture-bar. À cette annonce, les derniers passagers se dirigent vers ce wagon. Un jeune homme âgé d'une vingtaine d'années explose de joie en découvrant sa collation : "Waouh, regardez ça, à l'air trop bon", montre-t-il fièrement aux autres voyageurs.

Pour éviter la cohue, un stratégie se met en place. Deux femmes proposent d’organiser la distribution de repas. Des échanges polis, des sourires, des remerciements des autres compagnons d’infortune. Le contrôleur quant à lui s’assure que tout le monde a été servi en passant de voiture en voiture. Chantal, Grenobloise, prend sa mission très à cœur, panier à la main : "Voici Madame !" "C'est rigolo et totalement imprévu comme trajet !" , sourit-elle.

Des passagers solidaires

L’horaire d’arrivée à Grenoble se précise : 3h30. Le doute subsiste quant à la présence de transports mis à disposition pour réceptionner les passagers. Deux contrôleurs passent dans les wagons et présentent un QR code qui permettra de faire les démarches de remboursements pour les taxis.

Quelques minutes avant la fin de ce long trajet de presque huit heures au lieu de trois… Le chef de bord remercie les passagers - "des gens merveilleux", clin d'oeil aux volontaires improvisés et aux joueurs de dominos.

Cette solidarité se ressent encore sur le parvis de la gare. Les taxis arrivent, même s’il y a eu un court instant de panique et un léger agacement ne les voyant pas à la sortie. Des voyageurs se partagent les véhicules. Chantal conclue : "Malgré tout, c’était sympa et de voir les gens dans cet état d’esprit, ça fait du bien ! Dans notre voiture on a discuté, là on partage un taxi ! On s'en souviendra !" 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité