Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Grenoble dimanche pour demander le "retrait" de la loi immigration avant la décision du Conseil constitutionnel le 25 janvier. Les travailleurs sans-papiers ont ouvert la marche.
Le point de départ du cortège ne devait rien au hasard. Près d'un millier de personnes ont convergé place Victor-Hugo, dans le centre-ville de Grenoble, dimanche 14 janvier pour manifester contre la loi immigration et réclamer le "retrait total" du texte.
Fin décembre, des livreurs de plats à domicile ont été contrôlés et sept d'entre eux interpellés sur cette même place dans le cadre d'une opération de contrôles simultanés ordonnée par la préfecture et les parquets. "Après leur garde à vue, ils sont tous sortis avec une OQTF [obligation de quitter le territoire français, NDLR]. On est aussi là pour eux", assure Roseline Vachetta du collectif d’associations Cisem (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants).
La tête du cortège a défilé, dans le froid, derrière une large banderole "Les travailleurs sans papiers ne veulent plus se cacher". Adoptée au forceps par le Parlement le 19 décembre, la loi immigration restreint notamment le versement des prestations sociales pour les étrangers, instaure des quotas migratoires, remet en question l'automaticité du droit du sol et rétablit un "délit de séjour irrégulier".
"Cette loi apparaît comme xénophobe"
"C'est une stigmatisation. Ca vient rajouter de l'indignation et de l'humiliation à la souffrance quotidienne des travailleurs sans papier. On essaye de faire barrage à cette loi parce qu'elle va mettre les travailleurs dans une situation encore plus difficile qu'avant", dénonce Ayache Binhalis, secrétaire général de la CGT travailleurs sans-papiers Isère.
Plus de 400 collectifs, associations, syndicats et partis politiques avaient appelé à manifester contre un texte qui "reprend de nombreuses idées de l'extrême droite". "Nous sommes les porte-voix de tous ceux qui refusent le racisme en France alors que cette loi apparaît comme xénophobe", estime Stéphane Dezalay, responsable du groupe local de la Cimade.
"Au départ, il devait y avoir des mesures favorables à la régularisation par le travail mais à l'arrivée, il n'y a rien de plus que le droit discrétionnaire du préfet. Rien n'a changé du côté du travail, ajoute-t-il. Par contre, toutes les mesures répressives ont été aggravées, qu'elles concernent l'exil, la régularisation, les aides sociales, etc."
Un nouvel appel à manifester contre la loi a été lancé par plus de 200 personnalités pour le 21 janvier, avant la décision du Conseil constitutionnel. Les Sages doivent se prononcer le 25 janvier après avoir été saisi par le président Emmanuel Macron lui-même et par l'opposition de gauche.