Lundi aux Assises de l'Isère débute le procès des parents salafistes de la petite Hafsa tuée en 2017

En rupture familiale et sociale après avoir embrassé les préceptes de l'Islam salafiste, un couple comparaît à partir de lundi 4 novembre devant la cour d'Assises de Grenoble, après la mort en 2017 de la fillette âgée de quinze mois. L'enfant avait déjà été retirée de sa famille à ses 2 mois. 

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Sami Bernoui, aujourd'hui âgé de 26 ans, et Noémie Villard, 22 ans, sont poursuivis pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, privation d'aliments ou de soins, et violences volontaires et habituelles sur leur enfant.

La petite Hafsa leur avait été pourtant retirée par la justice alors qu'elle n'avait que deux mois, à cause de suspicions de maltraitance. 

Placée par les services sociaux dans une pouponnière, elle avait regagné l'appartement familial en octobre 2016, dans le cadre d'une mesure d'assistance éducative très mal acceptée par ses parents. Mais cinq mois plus tard, l'enfant décède.

Le soir du 1er mars 2017, Sami Bernoui, l'enfant inanimée dans les bras, réclame l'aide des passants au pied de son immeuble de Grenoble.

L'abdomen de la fillette est gonflé "comme un ballon de baudruche" selon un médecin du Samu envoyé sur place, ses lèvres sont cyanosées et ses pupilles dilatées et non réactives. Les secours ne peuvent plus rien; l'enfant est déjà décédée. 

Une famille dysfonctionnelle 


Sami Bernoui a grandi dans une famille dysfonctionnelle de quatre enfants, avec, selon l'enquête de personnalité, un père "autoritaire, tyrannique et maltraitant" et une mère "inexistante".

La danse et le hip-hop permettent à l'adolescent de trouver, avant sa majorité, "une voie d'expression"

Il s'y investit mais "l'arrêt des financements (de ces activités) par les politiques est venu mettre un point d'arrêt à cet élan". A 20 ans, le jeune homme "trouve un nouveau repère dans la religion" et "adhère au mouvement salafiste, s'enfermant alors dans des principes religieux à l'opposé de ce qu'il était auparavant", selon cette enquête. 

Fin 2014, il rencontre Noémie Villard, elle aussi convertie à l'islam salafiste.

La jeune femme quitte, en février 2015 et avec fracas, sa famille. Sa mère, déléguée médicale, est d'origine algérienne et musulmane. Son père, régisseur de spectacles, est issu d'une famille catholique. 

Aînée d'une fratrie de deux enfants, Noémie Villard s'est retrouvée tiraillée, toutes son enfance et son adolescence, entre ces deux cultures, l'union de ses parents ayant été mal acceptée de part et d'autre, jusqu'à leur divorce.

A ses 15 ans, sa relation avec sa mère est devenue difficile. Son refuge devient la religion musulmane: elle commence à porter le voile, alors que sa mère l'avait toujours refusé pour elle-même.

Une vie de recluse 

Quand ils s'installent ensemble en février 2015, à Grenoble, Sami Bernoui et Noémie Villard se marient religieusement. 

Très vite, deux enfants arrivent, Hafsa en novembre 2015 et un garçon en octobre 2016, dans un appartement insalubre, sans eau, ni électricité.

Noémie Villard y vit recluse, avec l'obligation de se voiler les rares fois où des étrangers se présentent à la porte. Sami Bernoui partage, lui, son temps entre ce domicile et celui d'une autre femme. 

Contactés par l'AFP, les avocats des accusés, Me Ronald Gallo pour Sami Bernoui et Me Roksana Naserzadeh pour Noémie Villard, n'ont pas souhaité réagir avant l'ouverture du procès.

Le verdict est attendu le 15 novembre. Les deux parents encourent trente ans de réclusion criminelle.

    
 
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