Une nouvelle demande de remise en liberté d'un membre présumé de la mafia calabraise, Edgardo Greco interpellé en France après 17 ans de cavale, a été rejetée une nouvelle fois par la cour d'appel de Lyon, a-t-on appris samedi 23 novembre auprès de son avocat.
Surnommé dans la presse "le pizzaïolo mafieux", Edgardo Greco est un ancien membre de la 'Ndrangheta, une organisation criminelle calabraise. Le sexagénaire a été condamné en Italie il y a 18 ans. Il a été condamné en 2006 par la justice italienne à la réclusion à perpétuité pour un double meurtre commis dans la Péninsule. Il s'est enfui avant son incarcération.
Après 16 années passées en cavale, le ressortissant italien a finalement été interpellé en 2023 à Saint-Etienne, où il travaillait dans une pizzeria sous une fausse identité.
Demandes de remise en liberté
Après plusieurs rebondissements, la justice française a donné le feu vert à son renvoi vers l'Italie en début d'année, mais il manque encore un décret du Premier ministre. En attendant, son avocat multiplie les recours pour tenter d'obtenir sa remise en liberté.
"Un contrôle judiciaire d'Edgardo Greco, qui est détenu pour rien depuis bientôt deux ans, serait amplement suffisant. (...) À son âge et compte tenu de l'état de santé qui est le sien, ne peut-il pas bénéficier du droit à l'oubli ?", a déclaré à l'AFP Me David Metaxas.
La demande de remise en liberté, sous contrôle judiciaire, d'Edgardo Greco a été rejetée à plusieurs reprises. La cour d'appel de Lyon vient de lui infliger un quatrième refus. "Une mesure de contrôle judiciaire ou d'assignation à résidence sous surveillance électronique serait tout à fait insuffisante pour prévenir le risque de fuite évoqué puisque Edgardo Greco s'oppose à son extradition et a fui ses responsabilités pénales en vivant plusieurs dizaines d'années sous une fausse identité", explique-t-elle dans sa décision.
Refus d'extradition
Edgardo Greco, considéré comme "dangereux" par Interpol, a été arrêté dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 février 2023 à Saint-Etienne grâce à un partage d'informations avec les carabiniers italiens, dans le cadre d'un projet de coopération Interpol contre la 'Ndrangheta.
Le 8 février, le gouvernement italien a formé une demande d'extradition. Mais les rebondissements se succèdent.
L'extradition a été autorisée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon quelques semaines à peine après son arrestation. Mais en janvier 2024, pour des questions techniques de procédure, la Cour de cassation avait invalidé la décision de justice favorable à l'extradition du Calabrais. C'est une faille technique, un vice de procédure, qui a permis le renvoi du dossier devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon. Un vice de procédure soulevé par son avocat, Me Metaxas, en décembre 2023.
La décision d'extradition a finalement été confirmée fin février 2024. Mais Greco a toujours refusé d'être renvoyé vers l'Italie, craignant pour sa vie. "S'il va en Italie, il est mort judiciairement et physiquement. Emprisonné là-bas, il n'en sortira pas vivant, (...) notre but est qu'il puisse être rejugé en France", avait déclaré son avocat en février dernier. Greco est placé en détention dans la région.
Arrestation
Né le 7 juin 1959, Edgardo Greco a été condamné par la justice italienne à la réclusion criminelle à perpétuité pour deux assassinats et une tentative d'assassinat commis en 1991, sur fond de guerre mafieuse. Des crimes commis au profit de la mafia calabraise.
Son arrestation dans la Loire a mis fin à une cavale de seize années. Après avoir quitté l'Italie, l'homme s'était installé en Allemagne puis en France. Edgardo Greco a travaillé dans plusieurs restaurants italiens de Saint-Étienne. Il y vivait sous une fausse identité, se faisant passer pour un certain Paolo Dimitrio. C'était un employé modèle en apparence. Entre juin et novembre 2021, il avait même pris la tête de sa propre pizzeria.
Le condamné en cavale avait fait disparaître ses traces. Jusqu'à ce qu'il commette une petite erreur : il s'était laissé photographier pour vanter les mérites de ses pizzas. Son visage est apparu dans la presse locale. Les logiciels de reconnaissance faciale ont fait le reste. Si l'homme s'était volatilisé, le procureur de Calabre n'avait jamais renoncé à le retrouver. Le fugitif a fait l'objet d'un mandant d'arrêt européen en 2014 du parquet de Catanzaro après sa condamnation à perpétuité.
Début février, son avocat annonçait sur le réseau social X que l'histoire d'Edgado Greco allait faire l'objet d'un "projet de série" sur Netflix.