Extradition du pizzaïolo mafieux : l'affaire renvoyée devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon

Surnommé "le pizzaïolo mafieux", Edgardo Greco a été arrêté à Saint-Etienne, l'an dernier. Condamné pour assassinats, l'Italie le réclame. La Cour de cassation vient de rendre sa décision ce mardi 16 janvier : elle "casse et annule" l'arrêt du 27 avril, favorable à l'extradition du Calabrais.

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L'Italie réclame Edgardo Greco. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour homicides dans son pays d'origine, il vivait sous une fausse identité à Saint-Etienne. Depuis son arrestation en février 2023, il a été placé en détention dans l'attente d'une possible extradition, à laquelle il se refuse. Son avocat a formé un recours devant la Cour de cassation pour la contester. La plus haute juridiction a rendu son arrêt ce mardi 16 janvier. 

Demande de remise en liberté

C'est une première victoire selon l'avocat d'Edgardo Greco. Joint par téléphone, Me Metaxas se dit "satisfait de cette première étape" et réclame la remise en liberté de son client. "Il est en détention depuis bientôt un an. Dans la mesure où il y a un renvoi, il doit être libéré. Maintenant, on navigue à vue, sans date. Alors c'est logique, il doit sortir, et bénéficier d'un placement sous contrôle judiciaire", explique l'avocat.

Un placement sous contrôle judiciaire en attendant que la demande d'extradition soir réexaminée par la justice. Une étape qui pourrait prendre plusieurs années. Pour l'avocat lyonnais, son client ne peut attendre derrière les barreaux. "Il offre des garanties de représentation, il a un travail, un domicile, des amis", assure ce dernier.

Même s'il n'a pas encore vu son client, Me David Metaxas précise que la demande de remise en liberté sera déposée dès ce mercredi 17 janvier

Retour devant la chambre de l'instruction 

"La procédure n'est pas régulière et l'arrêt ne répond pas, en la forme, aux conditions essentielles de son existence légale au sens des articles 696-13 et 696-15 du Code de procédure pénale", a estimé l'arrêt de la Cour de cassation

La chambre criminelle de la Cour de cassation a pris en compte l'argument technique soulevé par l'avocat d'Edgardo Greco pour contester l'avis émis en avril par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon. Un avis favorable à l'extradition. Elle rappelle : "en matière d'extradition, les débats devant la chambre de l'instruction s'ouvrent par un interrogatoire dont il est dressé procès-verbal et qui doit mentionner le nom des juges, qui doivent être les mêmes que ceux qui participent aux débats et au prononcé de l'arrêt", explique le texte. Or, entre l'interrogatoire d'une part, les débats et délibérés d'autre part, la composition de la chambre de l'instruction diffère dans ce dossier, a constaté la chambre criminelle de la Cour de cassation. Parmi les trois magistrats ayant statué sur la demande d'extradition d'Edgardo Greco, l'un d'eux n'était pas présent au moment de l'interrogatoire. 

L'arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon, daté du 27 avril 2023, a donc été cassé. En outre, la Cour de cassation "RENVOIE la cause et les parties devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon". La demande d'extradition devra être à nouveau examinée. 

Si la Cour de cassation avait invalidé l'arrêt du 27 avril, Edgardo Greco aurait pu recouvrer automatiquement la liberté, selon Me Metaxas.

Fin de cavale et demande d'extradition

De 2002 à 2006, Edgardo Greco a vécu en Allemagne avant de s'installer en France. À Saint-Etienne, il était connu comme pizzaïolo. Aujourd'hui âgé de 63 ans, c'était un employé modèle en apparence. Mais ce dernier travaillait sous une fausse identité, celle d'un certain Paolo Dimitrio. Dans la nuit du 2 au 3 février 2023, il avait été arrêté à la sortie du restaurant dans lequel il travaillait. Quelques jours plus tard, le 8 février 2023, le gouvernement italien avait formé une demande d'extradition. 

Son arrestation avait mis fin à une cavale de seize années. Ce dernier, membre de l'organisation criminelle calabraise, la 'Ndrangheta, a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans son pays d'origine. En 2010, Edgardo Greco a été reconnu coupable par la justice italienne de deux assassinats et d'une tentative d'assassinat commis en janvier et juillet 1991, sur fond de guerre mafieuse. En mai 2012, la cour d'assises d'appel de Catanzaro l'avait également condamné. Le pourvoi contre cette décision avait été rejeté le 24 mars 2014.

Si l'homme s'est volatilisé, le procureur de Calabre n'a jamais renoncé à le retrouver.

Le condamné en cavale avait fait disparaître ses traces. Jusqu'à ce qu'il commette une petite erreur. Elle a permis aux polices italiennes et françaises de l'identifier et de l'appréhender : l'homme s'est tout bonnement laissé photographier pour vanter les mérites de ses pizzas. Son visage est apparu dans le quotidien Le Progrès. Les logiciels de reconnaissance faciale ont fait le reste. Edgardo Greco est derrière les barreaux depuis bientôt un an. 

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