Marian Marinescu, 75 ans, est sorti de détention provisoire ce mercredi et a été placé sous bracelet électronique avec assignation à résidence, à son domicile en Isère. Il reste mis en examen pour l'assassinat de sa femme, Michèle Chabert, ainsi que le meurtre et le viol de sa fille, Christine.
Après plusieurs demandes de remise en liberté, Marian Marinescu est sorti de détention provisoire ce mercredi 24 avril et a été placé sous bracelet électronique, a-t-on appris auprès de son avocate, confirmant une première information du Dauphiné Libéré. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble a ordonné sa mise "en liberté encadrée" avec assignation à résidence à son domicile, en Isère, après près de trois ans de détention.
"C'est une grande joie, un grand soulagement", fait savoir l'une de ses avocates, Me Solange Doumic, à France 3 Alpes. "Nous avons sans cesse demandé sa remise en liberté. Cela devenait urgent au vu des délais d'enquête et de son âge." Marian Marinescu fait l'objet d'une assignation à résidence sous surveillance électronique, renouvelable jusqu'à deux ans, avec interdiction de sortir du département de l'Isère et d'entrer en contact avec la famille Castro, partie civile dans cette procédure.
L'homme de 75 ans se trouvait en détention provisoire depuis juin 2021, date de sa mise en examen pour l'assassinat de sa femme, Michèle Chabert, et pour le meurtre précédé ou accompagné du viol de sa fille, Christine. Leurs corps avaient été découverts à leur domicile de Sassenage (Isère) le 7 janvier 1993.
Le suspect "proclame" son innocence
La mère, âgée de 43 ans, et la fille de 13 ans ont été retrouvées par les gendarmes dans leur chambre respective, toutes deux égorgées. L'affaire est restée irrésolue pendant 28 ans jusqu'à une avancée significative grâce à de nouvelles études ADN.
Des résultats d'analyses menées par l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont mis en évidence, début 2021, des traces de sperme de Marian Marinescu sur le pantalon de sa fille, Christine. "Ces données sans équivoque, couplées à une analyse de l’emploi du temps" ont conduit les magistrats à suspecter Marian Marinescu.
Lors de sa garde à vue, il avait indiqué aux enquêteurs "qu’en supposant que ce soit lui, il n’avait aucun souvenir d’avoir commis les faits", expliquait lors d'une conférence de presse le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant. Mais depuis cette date, le suspect "proclame" son innocence, soutenu par son fils, partie civile dans ce dossier.
"Les éléments de preuve découverts en 2021 sont extrêmement ténus. Sinon, on les aurait découverts en 1993", affirme Me Doumic, selon qui les traces de sperme seraient des restes découverts sur un vêtement après "plusieurs lavages". "Pendant toute la durée de l'enquête, à l'époque, aucun soupçon n'avait pesé sur M. Marinescu", ajoute son conseil.
Ce dossier nous invite à la prudence, contrairement aux effets d'annonce.
Me Denis Dreyfus, avocat du fils de Marian Marinescu
Cette remise en liberté n'est "pas une surprise" pour Me Denis Dreyfus, qui représente le fils du mis en cause, se trouvant dans "un conflit de loyauté très compliqué". "Il soutient son père dans un dossier extrêmement complexe de tout point de vue", mais souhaite surtout "connaître la vérité, ce qui est très compliqué plus de 30 ans après les faits", poursuit Me Dreyfus. "Ce dossier nous invite à la prudence, contrairement aux effets d'annonce", estime-t-il, citant notamment des "contradictions dans les expertises scientifiques et ADN".
De nouveaux actes d'enquête attendus
"Les parties civiles ne sont ni surprises ni choquées de cette remise en liberté sous contrainte", a indiqué leur avocat, Me Hervé Gerbi, par voie de communiqué. La famille de Daniele Castro, sœur et tante des victimes, qu'il représente, "n’a eu de cesse de demander le maintien d'un dossier judiciaire ouvert pour une seule chose : identifier et juger le ou les coupables de ce double assassinat."
Celles-ci ont déposé, le mois dernier, quatre demandes d'actes visant à apporter des éléments complémentaires sur les circonstances du décès des victimes, les relations entre les époux et l'alibi du mis en cause, qui affirme s'être trouvé en Roumanie au moment du double meurtre. Le juge d'instruction a annoncé "vouloir faire droit" à cette demande, selon Me Gerbi.
"Les parties civiles, qui ne souffrent ni de conflit de loyauté ni d'obsession incarcératoire, avaient plaidé devant la chambre de l’instruction la primauté de la qualité et de la complétude de l’instruction sur la détention de M. Marinescu, explique l'avocat. Au nom de la manifestation de la vérité judiciaire qui est due à Michèle et Christine Marinescu."