Le procès de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre de la petite Maëlys, s'est ouvert ce lundi 31 janvier devant la cour d'assises de l'Isère. Dans le box des accusés, l'ancien militaire a avoué sa faute face à une famille prostrée dans le silence.
Aux abords du palais de justice de Grenoble, quelques affiches avec le portrait de Maëlys sont accrochées à des lampadaires. "Justice pour Maëlys" inscrit sur un fond sombre, avec au-dessus une photo de la jeune fille. Ce lundi 31 janvier, son bourreau présumé, Nordahl Lelandais, est jugé devant la cour d'assises de l'Isère pour ces faits de meurtre mais aussi pour des agressions sexuelles sur deux de ses propres cousines.
A l'entrée du bâtiment, de simples curieux et des soutiens de la famille se mêlent à l'attroupement des médias - 260 journalistes sont accrédités au cours de ce procès "hors norme". Quelques personnes vêtues d'un t-shirt blanc, avec la photo de Maëlys, attendent avec une longue banderole. L'inscription "Vérité et justice pour Maëlys" en grosses lettres rouges avoisine deux photos de la jeune fille. Celles qui ont circulé au moment de sa disparition, en août 2017, à la suite d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin.
Le silence de la mère
"Je suis de Grenoble. On a tous été touché par cette affaire dans la région, raconte un jeune étudiant en géographie, dans la file d'attente. C'est dur d'en parler. Ca me brasse beaucoup", témoigne-t-il.
A leur arrivée, la mère de Nordahl Lelandais, Jennifer Cleyet-Marrel, ainsi que sa fille, Colleen, la sœur de Maëlys, n'ont, elles, pas souhaité s'exprimer sur l'ouverture du procès. Un silence mais un tableau, que la mère tient des deux mains. Dessus : de vives couleurs, un océan avec deux colombes et le visage souriant de la fillette. Difficile de deviner les émotions de Jennifer Cleyet-Marrel dont le visage est dissimulé derrière un masque chirurgical.
"Un mot pour vous dire simplement que le temps de la justice est arrivé. Un mot pour vous dire que le moment est venu de mettre Nordahl Lelandais face à ses crimes. Un mot pour vous dire que nous le ferons dans la dignité et avec combativité, d'abord et avant tout, pour Maëlys", a expliqué, pour elles, leur avocat Me Fabien Rajon.
Le père, Joachim de Araujo, est venu rejoindre son ex-compagne dans la salle des pas perdus du tribunal pour avancer ensemble vers la cour d'assises. "J'appréhende un petit peu mais on va voir. Ca ne me fait pas peur de le voir. Pas du tout. Il faut être là. J'avais hâte d'y être", confie-t-il, photo de sa fille à la main.
Le silence, puis les aveux de l'accusé
Dans la salle d'audience, la famille s'est postée au premier rang, avec le tableau posé sur leurs genoux. La peinture fait face à Nordahl Lelandais, lorsque celui-ci fait son entrée dans le box des accusés.
Chemise bleu ciel, pantalon beige et barbe grisonnante, l'ancien militaire parle d'une voix posée au moment de décliner son identité. La grand-mère de Maëlys peine à le regarder.
Lui n'observe que la cour et la présidente, Valérie Blain, qui procède au tirage au sort du jury, appelle les témoins à la barre, et revient sur les faits avant de lui donner la parole. Il se lève et enlève son masque. Puis, les mots ne sortent pas. Les yeux au bord des larmes, il baisse la tête et fait un signe de la main à la présidente.
Je voulais leur présenter mes excuses. J'ai bien donné la mort à Maëlys.
Nordahl Lelandaisdevant la cour d'assises de l'Isère
"J'aimerais m'adresser à la famille, si celle-ci le veut bien..." Ce à quoi Valérie Blain lui répond qu'il faudrait mieux s'adresser à la cour. "Je voulais leur présenter mes excuses. J'ai bien donné la mort à Maëlys. Je ne voulais pas lui donner la mort, avoue-t-il, des trémolos dans la voix. Je m'expliquerai sur les faits au cours de l'audience."