Nordahl Lelandais sera jugé à partir du 31 janvier à Grenoble pour le meurtre de la petite Maëlys. Un procès qui s'annonce plus médiatisé encore que celui de l'affaire Noyer à Chambéry. Dispositif exceptionnel, inconnue sanitaire... Voici cinq choses à savoir sur l'audience.
Le palais de justice de Grenoble se prépare au procès hors norme de Nordahl Lelandais. Le trentenaire sera jugé à partir du lundi 31 janvier pour un meurtre qui a déchaîné les passions, celui de la petite Maëlys, et pour des agressions sexuelles sur deux petites cousines.
L'ancien militaire sera extrait de prison pour comparaître devant la cour d'assises de l'Isère pour le "meurtre de Maëlys De Araujo, précédé de l'enlèvement et de la séquestration" de cette enfant de 8 ans.
La fillette avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 pendant une soirée de mariage où ses parents étaient invités, dans la salle des fêtes du village de Pont-de-Beauvoisin, en Isère. L'affaire avait suscité une immense vague d'émotion.
Rapidement suspecté, Nordahl Lelandais, un des amis du marié, est interpellé, questionné, relâché puis mis en examen pour enlèvement après la découverte de trace ADN dans sa voiture. Il nie tout. Confondu par une trace de sang sur le tapis de sol du coffre de sa voiture, il avoue six mois plus tard avoir tué involontairement la fillette et conduit les enquêteurs jusqu'au lieu où seront retrouvés ses ossements.
L'ancien maître-chien de 38 ans est aussi jugé pour des agressions sexuelles sur deux de ses petites cousines de 5 et 6 ans, au cours du même été 2017, et pour détention et enregistrement d'images pédopornographiques.
1Deuxième procès en moins d'un an
Si la pandémie de Covid-19 ne brouille pas les cartes, ce sera le deuxième passage aux assises de Nordahl Lelandais en moins d'un an. En mai 2021, cet homme au parcours professionnel et sentimental chaotique avait été condamné à 20 ans de prison pour le meurtre du caporal Arthur Noyer à Chambéry. Des faits qu'il a longtemps niés.
Très médiatisé, ce premier procès avait captivé le public et suscité de nombreuses hypothèses sur son potentiel parcours de "tueur en série", non avéré à ce jour après des vérifications sur différentes disparitions non élucidées.
2130 journalistes présents
Le procès de Grenoble s'annonce encore plus retentissant en raison de ses actes et de l'âge de sa victime, conjugués à sa personnalité opaque et à sa notoriété. Pour Pascale Vernay, la première présidente de la cour d'appel de Grenoble, "le principal défi, c'est la présence des médias", avec déjà plus de 130 journalistes accrédités pour une trentaine de médias.
"Ce n'est pas une affaire particulièrement hors norme par les faits (...). Mais on savait pertinemment que cette affaire attirerait de nombreux médias de la France entière", souligne-t-elle.
3Organisation complexe
L'organisation de ce procès événement a été anticipée de longue date, avec notamment l'envoi d'observateurs à la cour d'assises de Chambéry. Le palais de justice de Grenoble, construit il y a 20 ans, a l'avantage d'être beaucoup plus moderne et fonctionnel que celui de Chambéry, qui date du XIXe siècle.
"De l'avis général, c'était une réussite à Chambéry, déclarait à France 3 Alpes Pascale Vernay. On a retenu de bonnes idées. Le procès à Chambéry s'est déroulé dans de bonnes conditions, on voudrait que ce soit la même chose à Grenoble, qu'on puisse dire qu'on a mis tous les moyens pour que le procès se déroule bien."
Pour faire face à l'afflux des journalistes et du public, les organisateurs ont obtenu des crédits supplémentaires pour ouvrir une deuxième salle de 60 places avec retransmission vidéo. Ils ont également renforcé la sécurité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du bâtiment.
4Trois semaines d'audience
Le procès a été programmé sur trois semaines, du 31 janvier au 18 février, une durée rare pour ce genre d'affaire. "On ne sait jamais comment se déroule une audience (...) Par sécurité on a préféré tabler sur trois semaines, quitte à ce que ce soit terminé avant", explique Mme Vernay.
Ce procès sera l'un des plus médiatisés à Grenoble ces dix dernières années, avec une plus grande résonance encore que le procès des assassins de Kévin et Sofiane en 2015.
Des mesures spéciales ont été prises pour "protéger" les parties civiles, s'inspirant cette fois du procès des attentats du 13 novembre. Il a été décidé de les doter de cordons de couleurs différentes montrant les personnes souhaitant ou non être sollicitées par les médias. Les jurés, eux, pourront bénéficier d'une assistance psychologique s'ils le souhaitent.
5La crainte d'un report
Reste toutefois l'inconnue sanitaire. "Notre crainte, c'est de devoir reporter le procès", admet Mme Vernay. "Il faut évidemment que tous les acteurs importants du procès soient valides et en capacité de tenir leur rôle". La magistrate assure toutefois que le cas échéant, le procès pourrait être "rapidement" reprogrammé. "On croise les doigts", dit-elle.