Une guide de spéléologie de 55 ans est morte jeudi dans les grottes de Sassenage, en Isère, en sauvant une adolescente de la brusque montée des eaux. La crue a surpris l'ensemble du groupe.
Le drame s'est noué en quelques minutes. Sabine Lorne, guide de spéléologie de 55 ans, est morte jeudi 5 mai au cours d'une sortie scolaire dans les cuves de Sassenage, en Isère. Elle a perdu la vie en sauvant celle d'une collégienne emportée par les eaux.
Des guides qualifiés en spéléologie accompagnaient une classe de 5e dans les grottes lorsque la crue est survenue, à la mi-journée. Deux professeurs du collège du Grésivaudan de Saint-Ismier étaient également du groupe. Les spéléologues ont rapidement entrepris l'évacuation des élèves alors qu'ils se trouvaient dans la galerie des enfers, toute proche de la sortie.
"Au moment où la crue emporte la dernière enfant exposée au risque, Sabine se porte à son secours, maintient sa tête hors de l'eau, retrace Thierry Larribe, conseiller technique en spéléologie auprès de la préfecture de l'Isère. Elle déploie beaucoup d'efforts et réussit à l'extraire. Au moment où son collègue revient pour lui prêter main forte, il n'a pas pu sortir Sabine de l'eau. Elle a sauvé l'enfant au prix de sa vie."
Le corps de la quinquagénaire a été découvert à une centaine de mètres de l'entrée des grottes. Tous les élèves ont pu regagner la surface sains et saufs. Deux personnes, un guide spéléologue et une enseignante du collège du Grésivaudan, sont elles restées bloquées dans la salle Saint-Bruno, haute de plafond, avant d'être secourues dans la soirée.
"On n'a jamais vu ça"
L'eau est monté très rapidement dans la galerie, surprenant l'ensemble du groupe. La météo, pluvieuse le jour du drame, pose la question du maintien de cette sortie scolaire malgré le risque de crue. Thierry Larribe souligne l'expérience des guides de spéléologie qui encadraient cette sortie, "des professionnels très qualifiés" comptant chacun une centaine de sorties à leur actif dans ces grottes.
"(La pluie) a donné lieu à des mouvements d'eau sous terre qui sont disproportionnés par rapport à la quantité d'eau qui est tombée en surface, explique-t-il. C'est cette disproportion qu'on n'arrive pas à expliquer. En quinze minutes, la galerie était déjà hors d'accès. C'est exceptionnel, on n'a jamais vu ça."
D'autant que les précipitations ont été plus abondantes qu'annoncé dans les prévisions. Pour le maire de Sassenage, Christian Coigné, c'est "une concomitance d'événements météorologiques imprévus qui a mené à tout cela." Sabine Lorne, originaire de Lans-en-Vercors, était professionnelle dans l'accompagnement des sports de nature depuis 1989.
Sur le site du bureau des moniteurs du Vercors, cette mère de famille se décrivait comme une "montagnarde dans l'âme" qui "aime parcourir des espaces vierges en surface comme sous terre".
Disparition "très brutale"
La disparition de cette figure de la spéléologie en Isère a provoqué une onde de choc dans le milieu. "J'étais en confiance, je pensais qu'ils étaient à l'abri. L'annonce de son décès a été très brutale. Elle est venue nous rappeler la dure réalité, (…) c'est qu'on ne peut pas gagner à tous les coups. On ne peut pas sortir tout le monde vivant. En tant que sauveteur, il faut l'accepter", ajoute Thierry Larribe.
Le spéléologue insiste sur le sauvetage rapide des occupants de la grotte dans des conditions dantesques. "Ca a été au prix d'efforts et de prises de décision capitales au bon moment", estime-t-il.
Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête, confiée au PGHM de l'Isère, pour faire la lumière sur les circonstances de l'accident. Elle devrait déterminer les causes de cette brusque montée des eaux et la responsabilité éventuelle des encadrants.
