"Ni mégaphone, ni chant, ni banderole" : les supporters de Ligue 2 en "grève reconductible" à la reprise du championnat

Dans un communiqué commun, les groupes de supporters dénoncent la tenue des matchs le vendredi soir et annoncent dans les stades un "silence à la hauteur de [leur] exaspération". Dans les Alpes, Annecy et Grenoble s'y associent.

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En huit ans de tribune, Christiane Levet sera passée par toutes les émotions. "De belles occasions de vibrer", quand le FC Annecy accède au National en 2020 puis en Ligue 2 deux ans plus tard. "Des belles frayeurs" aussi, avec un repêchage in extremis en 2023. Dans les joies et dans les déceptions, la présidente du Fécé Force 12 a donné de la voix pour pousser les joueurs "dré au but".

Opération "stade mort"

Ce vendredi 16 août, en déplacement à Dunkerque, le groupe de supporters retrouvera les Rouges en "simple spectateur". "Ni mégaphone, ni chant, ni banderole", explique-t-elle. Avec ses homologues de Ligue 2, le collectif annécien se lance dans une "fronde commune". Dans un communiqué de presse diffusé ce dimanche, ils annoncent "une grève reconductible de toutes [les] activités d’animation en tribune que ce soit à domicile ou à l’extérieur, de la première à la 90e minute". 

"La reprise se fera dans un silence à la hauteur de notre exaspération", promettent les signataires. Après les banderoles déployées lors des matches amicaux et les lettres ouvertes aux clubs, place à l’opération "stade mort". "Chaque groupe est libre de laisser son secteur vide ou non", détaille Arnaud Lyprendi, qui s’exprime au nom de la Tribune Ouest de Grenoble. Les fans comptent répondre présents, mais muets dès ce vendredi soir, à l'occasion de la réception de Laval au Stade des Alpes pour la première journée de championnat.

Le vendredi, "un vieux combat"

Aux origines de la colère : l’accord d’attribution des droits de diffusion sur la saison, dévoilé le 1er août dernier. Pendant que la Ligue 1 se félicitait de la fin d’un long feuilleton, sa petite sœur, elle, déchantait. Le terrain d’entente trouvé entre beIN Sports et la Ligue de Football Professionnel (LFP), prévoit en effet qu'une majorité des neuf matchs de Ligue 2 – le multiplex – soit déplacée du samedi au vendredi soir à 20 heures.

Un moyen pour la chaîne qatarie d’éviter un télescopage entre les championnats. Une ligne rouge pour les ultras, qui n’ont pas tardé à le faire savoir. "La lutte contre les matchs les vendredis, dans le milieu supporter, c’est un vieux combat initié dans les années 2000", rappelle Arnaud Lyprendi. "On avait réussi à avoir gain de cause, se désole le fan du GF 38, et ça été balayé d’un revers de manche."

"Un manque de respect total", appuie Christiane Levet, qui rappelle que le couperet est tombé alors que de nombreux abonnements avaient déjà été renouvelés. "Beaucoup de gens travaillent le vendredi et ne pourront pas venir au stade, expose-t-elle. Beaucoup d'éducateurs des clubs alentour ont des entraînements avec leurs jeunes amateurs, aussi." Impossible, dans ces conditions, d’envisager de traverser la France pour un déplacement à l’extérieur.

"Besoin de leur soutien et de leur argent"

Depuis deux semaines, la grogne a fait tache d’huile, y compris parmi les clubs. Le FC Annecy n’a pour le moment pas réagi – ni donné suite à nos sollicitations. Le coach grenoblois, lui, sortait de la réserve dès le 2 août : "Pour moi, le foot c’est le samedi", déclarait Oswald Tanchot en amont d'un match amical contre Saint-Etienne. Une semaine après, le club rouge et bleu prenait officiellement position dans un communiqué.

Aujourd’hui, le foot français souffre comme jamais de droits TV atrophiés et du manque de diffuseur ayant les moyens de se l’offrir. beIN Sports est le seul à avoir mis une somme importante pour acheter les droits et respecter la Ligue 2. Nous […] avons besoin de leur soutien et de leur argent.

Stéphane Rosnoblet, président du GF 38

Le texte invite à "ne pas entacher l’avenir de [leurs] relations à tous, club, supporters et diffuseur". "On sait très bien que les droits télé ont une prédominance qui fait que les clubs ne peuvent pas cracher à la tête des diffuseurs", réagit Arnaud Lyprendi. "Le GF est le seul à vraiment en parler, reconnaît-il. On peut voir ça comme une forme d’honnêteté."

Pas de quoi renoncer au boycott de la chaîne, autre levier d’action des "grévistes". Ils appellent les téléspectateurs à suspendre leur abonnement et se "[réservent] le droit de recourir à toute action visant à perturber la diffusion des rencontres". Un mal jugé nécessaire pour obtenir le retour au stade le week-end : "On se bat pour que le foot de Ligue 2 reste populaire", estime Christiane Levet.

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