Dans le centre-ville de Grenoble, une cinquantaine de magasins ont été saccagés dans la nuit de vendredi à samedi 1er juillet, en marge des émeutes. Si certains commerçants ont préféré le silence aux mots, les habitants de la ville ont fait part de leur indignation après le pillage de la nuit passée.
Centre-ville de Grenoble, ce samedi 1er juillet, dès l’aube, les commerçants se sont affairés à nettoyer, ranger et tenter de réparer tant bien que mal ce qui avait été saccagé la nuit passée. Car hier soir, des dizaines de casseurs, jeunes et encagoulés, ont pillé des grandes et petites enseignes du centre-ville, emportant avec eux des sacs de vêtements, des boîtes de chaussures et même des jouets pour enfants.
Habitants et commerçants abasourdis
Ce matin, les habitants venus se balader en nombre, et observer d’un œil curieux les dégâts, font part de leur indignation : "Moi, j’étais vraiment choquée, je ne m’attendais pas à de tels dégâts, tout est vraiment saccagé, je ne m’attendais pas à une scène de chaos, d’après-guerre comme celle-ci et là, c’est ce que l’on constate ce matin. C’est terrible, rien ne justifie, même la mort de quelqu’un, de piller les magasins et de bousiller la vie des commerçants."
Les commerçants, dévastés, n’ont eux pas le cœur à parler. Emmanuel Lenoir, représentant des commerçants de l’association LabelVille se fait leur porte-parole :
"Je comprends l’attitude des commerçants qui n’ont pas voulu s’exprimer, moi ce que je ressens, c'est de la colère d’abord, je suis choquée, car on ne pense pas qu’au 21ᵉ siècle ça puisse arriver dans une ville comme Grenoble, comment un tel déferlement de violences et de vandalisme peut s’installer aujourd’hui en une seule nuit. On est abasourdis, pour certains, c’est toute une vie qui s’arrête."
L’impact économique et la mise en place d'une cellule d’accompagnement
Alors que ce pillage intervient dans la période fatidique des soldes d’été pour les commerçants, le président de l’association craint un impact économique sans précédent pour ceux dont le stock a été vidé : "l’impact, il est immédiat, déjà, nous sommes dans une période de soldes, donc il faut déménager les stocks, les mettre en sécurisation, on ne sait pas ce qui va se passer ce soir ni dans les jours qui viennent. J’espère que les commerçants touchés sont tous assurés, on va voir comment les assurances réagissent et dans quels délais. Mais, en attendant, ça va plomber la trésorerie."
La préfecture de l’Isère a annoncé par le biais d’un communiqué qu’une cellule d’accompagnement avait été mise en place pour les commerçants touchés par ces derniers événements : "Afin de soutenir les commerçants concernés par ces événements, il a décidé d'activer une cellule d'accompagnement. Les chefs d'entreprise peuvent appeler un numéro unique pour obtenir des informations sur l'activité partielle qu'ils auraient à mettre en place pour leurs salariés, sur les reports de cotisations qui pourront leur être accordées et sur tout autre dispositif qui pourra leur être proposé pour surmonter les difficultés engendrées," peut-on lire dans le communiqué, précisant que le numéro d’appel est le 0778118331.
Des commerces du centre-ville baissent le rideau
En ce premier samedi de soldes, certains magasins du centre-ville de Grenoble, ont pris la décision de baisser leur rideau en début d’après-midi. La ligne A du tramway a été interrompue à partir de 16 h 30 et plus aucun tramway ni bus ne circulera à partir de 18 h.
Dans le même temps, les services de l’État se réunissent pour mettre en place des mesures de sécurité afin d’éviter une nouvelle nuit de chaos dans la capitale des Alpes.