"On est sur une hyper croissance" : à Grenoble, "capitale de l’escalade", le marché de la grimpe encore en expansion

La métropole de Grenoble concentre, en termes d'escalade, des sportifs de haut niveau, des acteurs économiques et des sites naturels. Alors que le nombre de pratiquants en club et en salle explose à travers la France, le secteur affiche des croissances à deux chiffres. Quitte à être confronté à des effets de saturation.

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Témoignage, s’il en fallait encore un, d’un marché en plein essor : à Saint-Martin-d'Hères, près de Grenoble, on comptera en octobre deux nouvelles salles privées d’escalade. Juin voyait l’ouverture de la quatrième née de l’opérateur historique Espace Vertical. D’ici la fin du mois, c’est Vertical’Art qui s’apprête à s’implanter dans le quartier de l’université Grenoble-Alpes.

Cette concurrence ne semble pas effrayer ce dernier groupe déjà présent à Paris, Lyon ou Lille. La métropole grenobloise "est un peu la capitale de l’escalade", appuie Stéphane Viemont, l’un des trois associés : "Il y a un engouement pour ce sport donc on n’est pas très inquiet."

Le terrain est pourtant déjà occupé de longue date dans la cuvette surplombée par les falaises calcaires de la Chartreuse ou du Vercors. En 1995, Espace Vertical créait à Fontaine la deuxième salle privée de France. "On sentait que pour avoir un vivier de personnes il fallait être ici, appuie son dirigeant, Eric Pinard. Et cela a continué jusqu'à aujourd'hui." Même héritage pour le bloc, pratique plus accessible car ne nécessitant pas d'assurage, avec l’ouverture dès 2005 d’ABlok, plusieurs années avant l’arrivée des réseaux qui essaiment aujourd’hui à travers la France.

"Ecosystème"

Des structures auxquelles il faut ajouter le haut niveau. À une trentaine de kilomètres, le pôle France de Voiron forme les nouvelles générations d’athlètes. Dont Paul Jenft, champion d’Europe dans les disciplines de bloc et de difficulté. "C'est sûr qu'on a tout ce qu'il faut au niveau des installations", appuie le Chambérien de 20 ans, installé dans la région pour poursuivre des études d’ingénieur et profiter des "nombreuses possibilités de grimpe". Le site comprend notamment un mur de vitesse connecté capable de mesurer les forces appliquées aux prises, une "première mondiale" selon Christophe Billon, cité par Alpine Mag.

Mais l'atout local ne repose pas que sur les sportifs, appuie à présent le directeur technique de la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME), qui souligne le rôle "des chercheurs, des entreprises et des collectivités qui participent à un cercle vertueux". Signe de la reconnaissance de cette "terre d’escalade" : en 2022, le Salon dédié quittait Lyon pour y emménager à l’occasion de sa troisième édition. "Une volonté de nous rapprocher de cet écosystème de pratiquantes et de pratiquants d’une part, et d’acteurs du monde de l’escalade également", expliquait alors Eric Hatesse, son organisateur.

Olympisme et "hyper croissance"

Car le territoire compte également de nombreux producteurs qui profitent de l’engouement. Notamment après l’intronisation du sport comme discipline olympique, il y a deux ans aux JO de Tokyo. Désignée pour en concevoir les parois, l’Iséroise Entre-prises (EP) se félicitait déjà de "560 collaborateurs et un marché mondial avec plus de 7000 murs équipés à travers le monde".

Depuis, la tendance s'est confirmée à la hausse. "Il y a énormément de demande" sur le marché, constate Robin Balducci, directeur d’Osm’Ose, un autre équipementier créé par un ancien d’EP. "Et on s'attend à un nouvel appel d'air avec Paris", ajoute-t-il.

À quelques centaines de mètres du centre d’entraînement voironnais, on se sentirait même à l’étroit chez le fabricant de chaussons 9a Climbing. "On est sur une hyper croissance depuis quelques années et cela devient limite compliqué de trouver de la place pour tous les employés", détaille Frédéric Tuscan, son président depuis 2009 et ancien champion du monde. L'entreprise vient ainsi d’investir deux millions d’euros dans de nouveaux locaux à proximité de Chambéry.

La métropole grenobloise en viendrait même à souffrir d’une "pénurie" de murs, par ailleurs vieillissants. En mars, les trois principales fédérations (FFME, FFCAM et FSGT) signaient un courrier commun pour réclamer des investissements de la part des collectivités locales. "Nos clubs de Grenoble et de sa métropole sont confrontés tous les ans au même problème, constataient-ils. Ils refusent de nouveaux adhérents, faute de capacités d’accueil suffisantes. Il est invraisemblable que notre territoire, un des plus importants de France en termes de falaises et de nombre de pratiquants, manque de salles d'escalade." Et de faire valoir un nombre de licenciés qui "stagne" en Isère : 12 000 répartis entre les trois organisations – parmi lesquels figurent des pratiquants d’autres sports de montagne.

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