Trois cadres de Génération identitaire avaient été condamnés à de la prison ferme en première instance pour des opérations anti-migrants, menées en 2018 dans les Alpes. La cour d'appel de Grenoble a pour sa part requis à leur encontre ce mercredi 21 octobre six mois de prison avec sursis
Romain Espino, Clément Gandelin et Damien Lefèvre (dit Damien Riou), respectivement porte-parole, président et membre de l'organisation d'extrême-droite, avaient été condamnés en août 2019 par le tribunal correctionnel de Gap (Hautes-Alpes) à six mois de prison ferme, 2.000 euros d'amende et à la privation de leurs droits civiques, civils et de famille pendant cinq ans.
Ils avaient interjeté appel de cette décision le 30 août, estimant que"la peine prononcée était disproportionnée au regard des faits qui leur sont reprochés", à savoir d'avoir "exercé une activité dans des conditions créant la confusion avec une fonction publique".
Au printemps 2018, au col de l'Échelle près de Briançon, des militants de Génération identitaire vêtus de doudounes bleues avaient multiplié les démonstrations d'hostilité aux migrants,notamment par des opérations de contrôle de la frontière franco-italienne sous la bannière de "Defend Europe".
"Une association qui s'octroie le droit de jouer au gendarme et qui crée la confusion"
Dans son réquisitoire devant la cour d'appel de Grenoble, l'avocat général Bernard Simier a estimé que cette opération de "recherche et de surveillance" des migrants, "sciemment organisée" et d'envergure "paramilitaire", a pu laisser penser au grand public qu'il s'agissait "d'une mission confiée à des personnes dépositaires de la loi"."Nous ne sommes plus sur une simple volonté de sensibiliser l'opinion, mais sur une association qui s'octroie le droit de jouer au gendarme et de créer la confusion", a-t-il étayé, pointant les 35.000 euros déboursés par l'association, ses doudounes bleus "rappelant les tenues du PGHM et de la CRS" et la location de deux hélicoptères.
Le magistrat a toutefois requis à leur encontre six mois de prison avec sursis, 1.500 euros d'amende et trois ans de privation de droits civiques, civils et de famille, allégeant ainsi la peine première instance.
Il a également requis 75.000 euros d'amende à l'encontre de l'association, confirmant ainsi la peine infligée en 2019.
"Une opération de communication"
"Cette fameuse confusion aurait pu exister s'il y avait eu dissimulation et manoeuvre des auteurs. Or, cette opération a une vertu: sa transparence. Ces militants n'ont jamais caché qu'il s'agissait d'une opération de communication", a plaidé Me Pierre Dufour, l'avocat de Damien Lefèvre, réclamant la relaxe pour son client."Pourquoi a-t-il fallu trouver une infraction alors qu'il n'y en a pas ? Cette condamnation de première instance a une tonalité politique", a abondé Me Pierre-Vincent Lambert, l'avocat des deux autres militants dont il a aussi réclamé la relaxe.
La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 15 décembre prochain.