Paris 2024 : "J'ai besoin de m'isoler, de m'évader", comment les athlètes vivent-ils ce "blues" de l'après-JO ?

Pendant tout l'été, les athlètes olympiques et paralympiques français ont fait vibrer le pays. Des moments de joie, de communion mais aussi de déception, parfois difficiles pour un sportif. Quelques semaines après les Jeux, le retour à la vie quotidienne peut s'avérer délicat, laissant place chez certains à une forme de blues.

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Ils ont vécu un chapitre inoubliable de leur carrière. Un moment hors du temps qui restera gravé à vie dans leur mémoire. Mais cette parenthèse peut être difficile à refermer pour les 811 athlètes olympiques et paralympiques français engagés à Paris lors des Jeux olympiques.

Cet événement, ils l'ont attendu pendant des mois voire des années. Chaque jour, ils ont passé des heures à travailler, à se renforcer et à se perfectionner pour être fin prêt et pouvoir communier avec leur public à domicile.

Une bulle d'émotions à gérer

La ferveur, tous l'ont ressenti dès leur arrivée dans la capitale. Lors de son entrée au village olympique et ses premiers entraînements sur site, la délégation française a pris conscience de l'engouement et de l'attente de tout un peuple.

Sur la ligne de départ de ces Jeux, plusieurs champions de l'agglomération grenobloise ont vécu des moments riches en émotions, comme la discobole Mélina Robert-Michon, le perchiste Thibaut Collet, le para-nageur David Smetanine ou encore l'importante délégation iséroise de rameurs.

Engagée sur le deux de couple avec Claire Bové, la Grenobloise Laura Tarantola gardera en mémoire ses premiers coups de rame sur le stade nautique de Vaires-sur-Marne : "On s’est même fait surprendre sur la première course lors de l’annonce de tous les équipages. Quand le speaker a prononcé 'France', on a entendu un énorme brouhaha alors que le public est à plus d’un kilomètre. Ça met des frissons, ça donne envie d’y aller, de se surpasser et de rendre fier tout le monde."

Habituées des grandes compétitions internationales, les vice-championnes olympiques décrivent une ambiance inédite. Une ferveur qui peut vite devenir un poids lors des épreuves. Pour éviter de se faire déborder par ses émotions, Laura Tarantola confie avoir effectué un important travail en amont avec son préparateur mental. Une gestion du stress pour ne pas que cette clameur devienne une pression supplémentaire, et un frein dans cette lutte pour le Graal, une médaille olympique.

"Franchement, c’était que du plus, ça donne envie de se transcender. À aucun moment, je me suis dit que c’était un poids même si cela aurait pu l’être car c’est vrai que tout le monde nous regardait. Il y avait énormément de public. Il y avait toute ma famille. Je n’avais pas envie de les décevoir", raconte la rameuse de l'Aviron Grenoblois.

Réussir à tourner la page pour en écrire une nouvelle

Ce tourbillon d'émotions, le para-tireur Jean-Louis Michaud l'a également traversé. À plus de 200 kilomètres de Paris, à Châteauroux, l'ancien tireur d'élite des chasseurs alpins a dû transformer l'effervescence en énergie positive sur le pas de tir.

Licencié au club de la défense de Varces et membre de l'armée des champions, cet ancien militaire a été amputé de la jambe droite après avoir sauté sur une mine en Afghanistan. Après avoir intégré l'équipe de France de football pour amputés, il a rejoint la délégation tricolore de para-tir et s'est engagé sur trois épreuves pour ses premières olympiades.

Déçu de ses performances sur les deux premières épreuves, Jean-Louis Michaud s'est remobilisé pour décrocher la médaille de bronze sur le 50 mètres carabine couché : "Une fois qu’on est sur la boîte, on la regarde cette médaille. Et je me suis dit : 'ça y est, je l’ai autour du cou et personne ne pourra me la voler'. (…) Je me suis battu pour aller la chercher sur le dernier match".

Cette euphorie, l'Isérois commence progressivement à la voir retomber. Lui qui est rentré à Vif il y a seulement deux semaines, a besoin de temps pour sortir de cette bulle paralympique. Des instants pour profiter de sa compagne et de ses trois enfants.

Son retour à l'entraînement se fera progressivement : "Il y a des moments où j’ai envie de tirer un petit peu et d’aller au stand, notamment pour me sortir de tous ces médias et sollicitations. Quelquefois, j’ai besoin de m’isoler, de m’évader en prenant ma carabine et en allant au stand. Ce n’est pas impossible que la prochaine semaine, je m’y remette un petit peu, pas forcément pour me préparer pour Los Angeles, mais plus pour m’évader."

Un besoin de se retrouver avec soi-même

Même s'il a besoin de temps avant de se remettre en selle, Jean-Louis Michaud ne cache pas ses ambitions. Il le sait, la Fédération de para-tir compte sur lui pour les prochains rendez-vous internationaux, et lui ne compte pas manquer les prochains Jeux.

Pour d'autres athlètes, l'heure est à la digestion. Laura Tarantola, qui profite actuellement de "moments en famille et avec ses proches", se remet peu à peu de ces olympiades parisiennes : "L’ambiance était folle. C’est vrai qu’il y a un petit peu le 'JO blues' après, quand on rentre. Mais je pense qu’il est normal, il faut l’accepter pour passer sereinement à la suite."

Une page à tourner mais qui prendra encore plusieurs semaines pour la rameuse grenobloise. Éliminée en demi-finale du deux de couple féminin, elle garde une petite "frustration" de cette compétition. Aujourd'hui, elle se laisse du temps pour faire le point sur la suite de sa carrière.

"Ça met un peu de temps avant de se projeter dans quelque chose de nouveau, de voir les décisions de la fédération pour la suite. Il y a pas mal de changements, de chamboulements autour de moi, donc j’attends que les choses se posent pour prendre vraiment une décision sur ce que je ferai plus tard", livre Laura Tarantola.

À 30 ans, la native d'Annemasse ressent le besoin de se retrouver avant de se replonger dans les séances d'entraînement intensives. Des programmes qu'elle retrouvera sans doute très prochainement, car son appétit ne semble pas encore rassasié : "D’un point de vue sportif, j’ai très envie de continuer. C’est difficile d’arrêter sur une frustration comme ça, on a juste envie d’y retourner."

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