Perchée sur un escabeau ou allongée au sol, elle dessine les coins et s'approprie les recoins. Bordeaux, Paris, Berlin… La trentenaire originaire de Pau a fait son chemin. Et c’est finalement à Grenoble qu’elle trouve un équilibre.
À la base, Sarah Gautier est chercheuse en chimie théorique. Un univers bien éloigné aujourd'hui de sa vie d'artiste. Elle commence le dessin en février 2018 par une esquisse de sa chienne Havana.

Scientifique de profession, Sarah réinvente son ancien laboratoire à l'ENS de Lyon.
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© S. Gautier
Ensuite, son imagination déborde et ses dessins s’agrandissent. De nature introvertie, elle aime passer des heures enfermée dans une pièce pour dessiner. « Le confinement était parfait pour moi, je me suis lancée dans la réalisation d’un dessin, qui couvre la totalité du mur de mon salon. »
Une artiste autodidacte
Sarah a eu plusieurs vies. Serveuse au bar Le Capri à Grenoble, elle profite de ses pauses pour reproduire au crayon gris l’église de la place Saint-Bruno. Le reste du temps, elle accepte aussi de poser comme modèle dans l’École supérieure d’art et design de Grenoble. Attentive, elle écoute les conseils que le professeur prodigue à ses élèves. « Il répétait toujours les mêmes phrases sur la perspective avec le point de fuite. »
Peu à peu, Sarah affirme son art. Elle développe une méthode. D'abord dessiner les contours. Puis, remplir avec des textures, des matières. Penchée sur son épaisse feuille de dessins, ses mains tremblent. Pour l’artiste, l’erreur technique n’est pas une fatalité : « Si j’ai fait une table trop grande, je déplace les autres objets, et si un trait me dérange, je viens simplement hachurer. »

Le plafonnier du bar "Duo des plaisirs" à Grenoble
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© S. Gautier
Beaucoup de bars et restaurants grenoblois
Petites ou grandes, les œuvres de la dessinatrice présentent un décor foisonnant de détails. « Souvent, je mets une tasse à café fumante, je glisse aussi quelques mégots de cigarette, en signature. » Dans les lieux qui l’inspirent, des bars grenoblois comme le Douceur Café ou le Duo des plaisirs. « C’est des instants particuliers, des endroits où je me sens bien, un peu comme à la maison. »

Prise de hauteur pour la réalisation d'un panorama de sa cuisine.
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© S.Gautier
Dans l'un de ses derniers portraits en grand format, le bar-restaurant La Passoire, elle joue avec les lignes et bouscule les repères. Des fils s’enroulent un peu partout, le porte-parapluie change de visage et des plantes fleurissent sur la devanture du comptoir. « Cela m’amuse, je n’ai pas envie de refaire exactement la même chose. C'est comme un jeu de cartes. »