Nouvelle journée de grève à Arkema, situé sur la plateforme chimique de Jarrie, en Isère. Les grévistes ont fait de vendredi une journée morte, et l’usine est à l’arrêt. Sur place, les salariés sont inquiets pour leur avenir, après l’annonce d’une possible réduction des activités de l’usine.
"J’ai des enfants, des crédits pour la maison et je me pose plein de questions". Emmitouflé dans sa tenue de travail, Christophe Laurenti se réchauffe près d’un feu de palette allumé par ses collègues grévistes devant l’usine Arkema de Jarrie, en Isère.
Après 26 ans de carrière dans l’aile sud du site, le père de famille fait partie des salariés dont l’emploi est menacé. "Je me voyais arriver à la retraite ici, et finalement, je ne sais pas où je vais atterrir", s’inquiète-t-il.
Le jeudi 5 décembre, les salariés se sont lancés dans un mouvement de grève illimité, pour protester contre le plan de réorganisation annoncé par la direction ce même jour. Ce projet de "recentrage" pourrait signer la fin de l’activité dans l’aile sud de l’usine. Au total, presque 1/3 des 340 emplois sont menacés.
"Vencorex et Arkema, même combat"
La direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a justifié ce projet de recentrage auprès des salariés par des difficultés et l’arrêt des livraisons de sels de Vencorex. En effet, une partie de l’activité de l’entreprise dépend du sel de l’usine Vencorex, en grève elle aussi pour protester contre un risque de fermeture.
Derrière cette crise, la crainte d’un effet domino dans tout le secteur de la chimie, qui emploie plus de 6 000 salariés dans le sud de l’agglomération grenobloise.
"Je suis là pour moi, pour mes copains, pour l’avenir de mes enfants, pour qu’ils puissent faire des études dans l’industrie ou des formations en papeterie. Sinon, que vont faire tous ces gens ? Et nous, que va-t-on devenir ?" s’interroge Eric Jallamion, salarié depuis 10 ans dans la maintenance.
Un long bras de fer
Sur le piquet de grève, des tentes ont été dressées pour abriter les salariés, et un terrain de pétanque construit à la va-vite témoigne de la motivation des grévistes : ces derniers se préparent à un long bras de fer avec la direction.
L’avenir à long terme de l’usine occupe tous les esprits, même Laurence Olphand, qui sera à la retraite dans quelques mois après 35 ans de service. "Ça fait mal, ça fait de l’émotion, commente-t-elle, des sanglots dans la voix. J’ai vécu des fermetures d’atelier, mais là, c’est la moitié de l’usine, et ils (la direction, NDLR) ne nous assurent pas la vie de l’usine entière. C’est une fin très difficile".
Pour les salariés en grève, la seule solution serait de nationaliser temporairement la filière de la chimie du sud grenoblois. Une démarche qui coûterait plusieurs centaines de millions d’euros.