Le conseil municipal de Grenoble a adopté, ce lundi 13 décembre, une autre vision du travail pour permettre à aux employés de la ville de préserver quatre jours de repos extralégaux. Pour s'aligner sur les 1 607 heures obligatoires dans la fonction publique à partir du 1er janvier 2022, ils devront désormais travailler 7 minutes de plus par jour.
"La loi du 6 août 2019 est une clef de bras imposée aux collectivités", a indiqué Pierre Mériaux, adjoint au personnel à la mairie de Grenoble. Lors du conseil municipal de ce lundi 13 décembre, les élus de la ville ont pourtant été obligés d'adopter cette loi - comme le contraint l'État -, qui oblige les employés municipaux à passer à un temps de travail légal de 1 607 heures, avant le 1er janvier 2022.
Dans la réalité du quotidien, ces employés sont en dessous. À Grenoble, le temps de travail annuel est de 1 579 heures. La majorité, opposée à cette réforme, a donc dû voter pour une nouvelle organisation du temps de travail pour les employés municipaux afin qu'ils ne perdent pas quatre jours de congés extralégaux.
Concrètement, les agents seront amenés à travailler 7h07 par jour, ou 35h35 par semaine. Ils pourront aussi effectuer 28 heures par an en plus.
Les temps d'ouverture et de fermeture pris en compte
Pour effectuer ce temps de travail supplémentaire, les "temps d'habillage, de déshabillage des équipements imposés, et d'ouverture et de fermeture d'équipements seront systématiquement pris en compte", assure la mairie.
Pour les agents affectés aux écoles, la Ville ne va pas augmenter leur temps de travail effectif. Les 28 heures supplémentaires serviront à l'organisation de réunions entre les équipes pédagogiques, à des temps d'"échanges de pratiques professionnelles..."
Pour la ville de Grenoble, cette loi du 6 août 2019 serait même en contradiction avec "les transitions sociales et environnementales" qui tendent à réduire le temps de travail : "La municipalité a souhaité aussi interpeller le gouvernement par un vœu au président de la République afin de lancer un débat national au sujet de la mise en place d’une durée légale de 32 heures hebdomadaires", conclut Pierre Mériaux dans un communiqué de la Ville.
Vers un "fonctionnaire-bashing"
La rapporteure du texte à l'Assemblée nationale, Emilie Chalas, regrette une nouvelle organisation du temps de travail qui pourrait alimenter le "fonctionnaire-bashing" : "Cela fait 12 jours que des grèves perdurent dans les cantines municipales. Les agents vont crier victoire parce qu'ils vont travailler sept minutes de plus par jour et préserver ainsi leur temps de congé ? C'est ridicule cet accord. Cela ne va pas dans le sens du dialogue social entre fonctionnaires et concitoyens."
La députée LREM de l'Isère regrette une adoption "conforme au texte", mais qui ne représente pas "l'esprit" du projet. Pour elle, cette loi du 6 août 2019 a été instrumentalisée à Grenoble par deux lignes "anti-gouvernementales" : "D'un côté les syndicats s'étaient opposés dès le départ pour préserver ce temps de congé. De l'autre, la majorité municipale s'est simplement opposée au gouvernement."
Elle déplore qu'au printemps dernier les discussions se soient déroulées dans une atmosphère convenable avec les différentes parties, mais qu'à deux jours du vote, l'ambiance se soit tendue. "C'était une volonté politique. Depuis 2014, au département de l'Isère, tous les agents sont aux 1 607 heures et ça n'a pas posé de problème", conclut Emilie Chalas.