"Chercheur.e.s de montagnes", c'est le nom de la chaîne Twitch lancée par une association grenobloise rassemblant des enseignants et des étudiants. Ils y parlent vulgarisation scientifique et monde de la recherche sur une plateforme dont il a fallu apprivoiser les codes.
"Nous, on est enseignants-chercheurs et Twitch, ce n'est pas trop notre monde", concède d'entrée Mikael Chambru. Historien de la montagne, maître de conférence à l'université Grenoble-Alpes, il s'est lancé sur un nouveau canal pour faire découvrir son domaine. Mikael vient de rejoindre la chaîne Twitch "Chercheur.e.s de montagnes" lancée il y a près d'un an par une association grenobloise qui réunit des enseignants et des étudiants.
Parler du monde de la recherche mais aussi de l'actualité autour de la montagne, c'est le credo de ces enseignants devenus streamers. La plateforme Twitch leur permet d'interagir en temps réel avec leur public, globalement jeune, voire très jeune.
En tant que chercheur, ça apporte beaucoup parce que ça force à rendre les choses faciles à comprendre.
Raphaël Lachelloà France 3 Alpes
"On va chercher des gens différents. C'est aussi un élément important pour faire découvrir la recherche, partager des connaissances, estime Mikael Chambru. La recherche, c'est produire des connaissances scientifiques. Enseigner, c'est les transmettre à des étudiants. Après, une de nos missions, c'est aussi de les partager au plus grand nombre."
Présent depuis le lancement de la chaîne, Raphaël Lachello, historien de l'environnement à l'université de Grenoble, anime les streams sur le ton de l'humour. Des vidéos diffusées en direct, longues d'une à plus de trois heures. Les formats proposés à leurs quelque 300 abonnés sont variés, du décryptage à l'immersion dans le quotidien d'un enseignant-chercheur. Dans certains streams, Raphaël écrit et raconte sa thèse en direct.
"Ce n'est pas évident pour nous parce qu'on a tendance à cacher certaines choses. Il faut accepter de montrer un travail qui n'est pas fini, expose-t-il. En tant que chercheur, ça apporte beaucoup parce que ça force à rendre les choses faciles à comprendre."
"On se crée une communauté"
En coulisses, Théophile, un étudiant de l'association, est chargé d'apporter une touche de jeunesse. Pour que les contenus de la chaîne correspondent à la philosophie de la plateforme. "On appelle ça le 'viewer 0', c'est comme un téléspectateur 0", commente Raphaël Lachello.
A chaque fin de stream, l'équipe fait le point, mesure l'audience. Ils savent que leur public est principalement composé d'étudiants, intéressés par les thèmes de la science et la montagne. "Les outils Twitch permettent de fidéliser les gens. (…) Il y a un badge VIP pour nos viewers un peu spéciaux, donc on se crée une communauté. Il y a des gens qu'on voit revenir, c'est comme si on avait des potes qui étaient là tous les jours. Parfois, certains ne sont pas là, on leur demande des nouvelles. On finit par en reconnaître certains", s'amuse Raphaël.
Les "Chercheur.e.s de montagnes" comptent désormais aller chercher un nouveau public, encore plus jeune que les étudiants, ceux qui veulent apprendre. Tout en gardant les codes des plateformes les plus populaires.