Atomisé samedi 16 avril par Clermont (18-59) lors de la 24e journée de Top 14, Grenoble a officiellement scellé sa rétrogradation en Pro D2 au terme d'une saison cauchemardesque, tant sportivement qu'en coulisse .
C'est une soirée cauchemar qui scelle la bascule des Grenoblois en ProD2 : Ce samedi 14 avril point de miracle au Stade des Alpes et déjà le bilan sur cette cascade de revers pour le club grenoblois qui en rejoignant les vestiaires a dit adieu à l'élite sur l'air de comment a-t-on pu en arriver là ?
Anatomie d'une saison hors-norme
Départ anticipé de Fabrice Landreau, difficultés financières, éviction du directeur sportif Bernard Jackman mi-mars, mise en examen de trois joueurs pour viol présumé et mauvais résultats: rien n'a été épargné depuis huis mois au club isérois, qui espérait enfin s'affirmer au sein de l'élite, cinq ans après son retour, en 2012.Rien, pas même un nouveau coup de boutoir des Clermontois, qui sont venus assommer le FCG de 9 essais au Stade des Alpes, inscrits par Lapandry, Lee, Penaud, Radosavljevic, Raka, Strettle et Tuicuvu.
"Il y a beaucoup de frustration et de déception à achever la saison avec ce constat, quand on connaît les qualités de cette équipe, des infrastructures et l'engouement autour du club. Nous avions tout pour faire bien mieux. C'est un gâchis", analyse le capitaine du FCG Jonathan Wisniewski.
"Non seulement l'effectif va être pillé par les meilleures équipes françaises, mais on laisse le club dans une forme de crash économique, avec une dynamique à reconstruire".
"Il y a déjà quelques temps qu'on a un peu marre de cette année qui a été compliquée. On a hâte que ça se termine pour tirer le bilan de cette saison et démarrer la prochaine. Ce qui compte désormais, c'est de mettre le club sur les rails. Il nous faut revivifier cette équipe professionnelle. A l'avenir, notre force doit être notre capacité à anticiper", a souligné Michel Martinez, président délégué du FCG.
Sur le pré, le futur ouvreur de Toulon et ses coéquipiers n'ont jamais été en mesure de gommer une première partie de Championnat catastrophique, au cours de laquelle ils ont concédés 11 revers - dont 4 au Stade des Alpes, où ils avaient pourtant l'habitude de régner en maîtres.
Pour beaucoup, le tournant de la saison s'est probablement joué lors de cette phase aller et la défaite encaissée sur le fil le 12 novembre dernier contre Bordeaux-Bègles (22-24), alors que l'équipe venait d'enchaîner plusieurs bonnes prestations et frôlé la victoire à Clermont (20-21).
"Cette défaite nous a fait très mal, mais on n'a jamais rien lâché" précise Jonathan Wisniewski. Ensuite, quand vous devez composer avec autant de facteurs négatifs, plus un arbitrage et des faits de match qui tournent en votre défaveur... l'addition est forcément salée".
Dans le vestiaire, certains joueurs gardent un goût amer d'une préparation physique "extrêmement difficile", qui a mis les corps à rude épreuve et contraint le FCG à débuter le Championnat émoussé, avec une infirmerie pleine à craquer.
Les choix sportifs opérés parfois dans l'urgence par le manager irlandais Bernard Jackman - écarté après la déculottée (46-14) subie à Bordeaux en mars -, et le bouleversement d'un fonctionnement ancré de longue date par Fabrice Landreau, ont semble-t-il contribué à déstabiliser une partie de l'effectif, dont la moité était en fin de contrat.
"Il ne faut pas trop se trouver d'excuses quant à notre situation car ces matches, on les a quand même joués et perdus", tempère l'arrière Fabien Gengenbacher, l'un des leaders du vestiaire grenoblois depuis plusieurs années.
Une spirale négative
"Beaucoup de facteurs entrent en compte et globalement, c'est une année charnière qui a été mal gérée à tous les niveaux. Il nous a été difficile d'aller contre cette spirale négative malgré l'investissement de chacun. Le groupe a cependant montré qu'il n'avait pas explosé et qu'il y avait de la solidarité. Il est resté concerné jusqu'au bout", relève-t-il.
Pour l'arrière isérois, le FCG doit désormais "rebâtir autour de son ADN", avec un staff et des joueurs qui connaissent son histoire. "Il y a une culture à insuffler aux nouveaux arrivants. On s'en était un peu détourné ces derniers temps", estime-t-il. "Laisser le club en Pro D2 après une saison cauchemardesque, ça fait mal au coeur".