VIDEO. Critérium du Dauphiné : "Des pentes à 20%", la montée de la Bastille, "un combat contre soi-même" pour Nans Peters d'AG2R

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Rencontre entre le cycliste isérois Nans Peters et le chef Laurent Gras au sommet de la Bastille, à Grenoble, dont l'ascension marquera l'ultime épreuve du Critérium du Dauphiné ce dimanche ©France 3 Alpes / F. Lefrançois - G. Lespinasse - JP. Ardito - L. Di Bin

Le coureur isérois de l'équipe cycliste chambérienne AG2R Citroën, Nans Peters, nous emmène à l'assaut de la Bastille, à Grenoble, où sera jugée l'arrivée finale de la huitième et dernière étape du Critérium du Dauphiné 2023, ce dimanche 11 juin.

Le dessert s'annonce lourd à digérer, dimanche, pour le final de la 75e édition du Critérium du Dauphiné. Après 1200 km de course, et plus de 21 500 mètres de dénivelé positif, les coureurs devront avaler un gros morceau de montagne lors de la dernière journée. Ils devront prendre la Bastille, ultime rempart isérois à se dresser sur leur route, après de sacrés plats de résistance.

L'appétit de victoire au général et sur cette étape finale devrait donner un beau spectacle dans les pentes hostiles de ce monument grenoblois. 

"Il y aura eu déjà d'énormes difficultés avant l'arrivée à la Bastille, depuis Pont-de-Claix, avec pas mal d'enchaînements de cols sur le versant est du Grésivaudan. Ensuite, le col du Granier qui est très raide par son côté Chapareillan, le col du Cucheron et le col de Porte, donc trois beaux morceaux de la Chartreuse", analyse Nans Peters, coureur isérois de l'équipe chambérienne AG2R Citröen Team, qui s'est prêté au jeu, pour France 3 Alpes, de la reconnaissance de cette ascension mythique (voir vidéo en tête d'article), quelques jours avant le coup d'envoi du Critérium.

"Pas de transition, là. Dès qu'on arrive de la descente du col de Porte, on enchaîne, on tourne à droite et on a deux bornes de montée très, très raide qui nous emmène au sommet de la Bastille", poursuit-il.

Pas plus de 8 km/heure dans les pourcentages les plus importants

Sur son vélo, Nans Peters décrit en direct ses impressions. "On a fait 100 mètres et déjà les premières rampes, pas très très raides et on voit là-haut le restaurant du Per'Gras. La route est très étroite, on a une voie, bon, de toute façon, ça ne va pas frotter... A ce stade-là de la course, s'il y a un peloton de 20 mecs, ce sera déjà bien", commente-t-il. 

Au bout de 500 mètres de montée, le gros morceau indigeste s'avale au ralenti. Pas plus de 8 km/heure pour le coureur cycliste professionnel. Cette rampe, entre "18 à 20 %", rend chaque coup de pédale plus lourd et la cadence dégringole : "Dans ce genre de montée, on est planté à 50-60 tours/minute, là je suis à 58 tours/minute", explique Nans Peters. "Il n'y a aucun temps mort. Chaque coup de pédale, il faut tirer-pousser, pour garder l'équilibre", dit-il. 

C'est très pentu, donc très difficile de s'accrocher à un groupe. C'est vraiment un combat contre soi-même.

Nans Peters, coureur cycliste professionnel d'AG2R Citroën Team.

"C'est deux kilomètres à 15 % de moyenne mais il y a les 400 premiers mètres qui sont légèrement en prise donc la moyenne est peu significative. Ce qui compte vraiment, ce sont les pourcentages max qui sont autour de 20 %. Si on prend à l'intérieur des épingles, on a du 25 %. C'est très très pentu donc très difficile de s'accrocher à un groupe, c'est vraiment un combat contre soi-même", explique le coureur originaire du Trièves. 

"C'est le genre d'étapes que les coureurs appréhendent, surtout ceux du classement général parce que même s'il n'y a que deux kilomètres de montée, on peut perdre gros et inversement, on peut gagner gros aussi", ajoute Nans Peters.

Une arrivée atypique pour un monument du patrimoine de Grenoble

Son coéquipier, Geoffrey Bouchard, a lui aussi achevé sa sortie longue d'entraînement par la montée de la Bastille. "J'ai eu du mal à retrouver mon rythme dans les parties un peu moins raides, j'avais du mal à reprendre de la vitesse. C'est vraiment très très dur et je pensais que les plus gros pourcentages étaient dans les épingles mais au final, il y a une rampe en plein milieu, un peu dans les bois qui est hyper hyper dure", confirme-t-il. 

Une montée d'autant plus difficile qu'elle se fait rare dans le calendrier cycliste professionnel.

Je pense que ça fera un super spectacle, une grande bataille et on espère que Ben O'Connor sera dans la partie

Geoffrey Bouchard

grimpeur d'AG2R Citroën Team

"C'est super qu'on puisse remettre au goût du jour une arrivée comme ça, c'est une partie du patrimoine de Grenoble, la Bastille, et du coup cela fera une arrivée un peu atypique, un peu comme sur le Tour d'Espagne où ils ont l'habitude de nous trouver des murs comme ça, à moitié goudronnés. Je pense que ça fera un super spectacle, une grande bataille et nous on espère que Ben O'Connor sera dans la partie", ajoute le grimpeur d'AG2R Citroën.

Dimanche, Geoffrey Bouchard espère s'échapper pour viser la victoire d'étape au sommet de Grenoble. Si ce n'est pas le cas, il restera "le plus longtemps possible" aux côtés de son leader, l'Australien Ben O'Connor, troisième du général du Critérium en 2022.

La montée de la Bastille lors du Dauphiné Libéré de 1977

Dans les deux-cents derniers mètres de l'ascension, les coureurs d'AG2R Citroên pourront compter sur le soutien du chef Laurent Gras, qui devrait les encourager depuis la terrasse de son restaurant situé au sommet de la Bastille.

Le cuisinier -qui tient l'établissement Chez le Per'Gras- est un fan inconditionnel de cyclisme, depuis l'arrivée du Critérium ici, devant chez lui, en 1977.

Cette année-là, Bernard Hinault l'avait emporté, malgré une chute incroyable dans la descente du col de Porte, remis en selle par son directeur sportif Cyrille Guimard, au terme d'un final épique, digne d'un galérien. Les images de l'arrivée de Bernard Thévenet, deuxième, au bord de la perte de connaissance, restent inscrites dans sa rétine.

Laurent Gras, chef au sommet de la Bastille, et cuisinier de l'équipe chambérienne

Le Belge Lucien Van Impe finit troisième. Sur une photo de l'époque, on voit Laurent Gras poser avec le coureur.

"Il m'avait donné sa casquette, c'est pour cela que je l'ai sur la tête. On était allés remettre les fleurs au protocole, donc tu vois, c'était à la bonne franquette", raconte le chef à Nans Peters. "J'en ai des souvenirs indélébiles. Dans les quelques semaines qui ont suivi, il a fallu m'acheter un vélo et après je zigzaguais avec ma soeur en peloton de deux sur la terrasse. Après, c'étaient des après-midi entre deux services sur le canapé avec mon père à regarder les étapes du Tour de France".

"C'est là qu'est née ma passion pour le vélo", ajoute Laurent Gras. Une passion qu'il vit de l'intérieur puisqu'il est chef cuisinier pour l'équipe AG2R Citroën sur les courses à étapes. 

"Il est aux petits soins pour nous", indique Nans Peters. "Quand on arrive des courses, ça fait toujours plaisir un bon petit repas à l'arrivée, bien cuisiné, on met les pieds sous la table, ça remonte le moral après des étapes difficiles"

"J'ai beaucoup de plaisir à vous faire à manger sur les courses parce que faire mon métier, au service de ma passion, c'est quand même un luxe", se réjouit Laurent Gras.

Nul doute que les coureurs auront bien besoin d'un petit remontant à l'issue de cette montée exigeante, qui promet de faire des dégâts dans le peloton des favoris, après 153 km de course ce dimanche. 

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