L'Iséroise Laura Tarantola et sa coéquipière Claire Bové, médaillées d'argent aux JO de Tokyo, ont décroché la première médaille pour un équipage féminin tricolore depuis 1996. Sur le plateau de France 3 Alpes, elle confie "n'être pas encore redescendue de son petit nuage de grand bonheur."
Elle a un large sourire et ne lâche pas des mains sa médaille d'argent qu'elle caresse encore et toujours avec une immense joie. Il faut dire que l'Iséroise Laura Tarantola, née à Annemasse, a de quoi être fière.
Imaginez, cette médaille qu'elle porte à son cou est tout simplement LA première médaille olympique pour un bateau féminin français depuis 25 ans ! A Londres, aucun bateau féminin français n'avait réussi à se qualifier. Et à Rio les duos féminins, en deux de couple et le deux sans barreur, étaient repartis bredouilles.
Cet argent, les filles du deux de couple poids légers, la Grenobloise Laura et sa coéquipière Claire l'ont remporté aux Jeux olympiques de Tokyo le jeudi 29 juillet, à l'issue d'une course jusqu'au bout... indécise.
"Pour tout vous avouer, c'est vrai que je reste encore un peu perchée là-haut sur mon nuage" sourit l'athlète sur le plateau ce lundi 2 août. Tout est allé très vite. La victoire, le podium, le départ du village olympique, le retour en France et les sollicitations qui pleuvent dans les médias. "C'était chouette, ça fait plaisir car notre sport n'est pas très médiatisé en temps ordinaire".
En Isère, les félicitations pleuvaient de la part de nombreux acteurs locaux, des réactions de fierté comme l'ont relevé nos confrères de France Bleu.
La jeune femme n'est rentrée à Grenoble que ce dimanche 1er août, accueillie à sa descente du train par ses proches et ses amis à la gare, "c'était une surprise, et ça fait du bien de les retrouver enfin".
Rien n'arrive par hasard, les filles ont beaucoup travaillé"
Laura Tarantola, 27 ans, et Claire Bové, 23 ans, participaient là à leurs tous premiers Jeux. " Très fières qu'il y ait une médaille pour l'aviron féminin français (...) qui a longtemps été un peu la cinquième roue du carrosse. (...) Ça n'était pas évident, mais rien n'arrive par hasard, les filles ont beaucoup travaillé, ça a fini par porter ses fruits", a souligné leur entraîneur Fredéric Perrier, à l'heure de leur victoire au Japon.
Sur l'eau, au Japon, tout s'est joué dans un mouchoir de poche : "On a passé la ligne, on ne savait pas, on attendait le panneau d'affichage, quand on a vu deuxièmes, on s'est dit c'est pas possible, il doit y avoir une erreur, c'est fou (...) de toute façon on n'avait déjà rien à regretter, c'est ce qu'on s'était dit avec Claire, et à l'arrivée, en guettant le classement, on savait qu'on avait tout donné, le mot d'ordre c'était de faire nos courses à fond, l'aventure a été tout simplement géniale ces dernières années, alors, que ça se concrétise par un podium, oui c'était dingue" nous raconte Laura.
Cette médaille est pour tout le Clan de l'Aviron"
Quand elle revoit les images du podium aux Jeux, en larmes, dans les bras l'une de l'autre, elle ajoute : "en fait à ce moment-là, on avait du mal à réaliser, je crois d'ailleurs que je ne réalise pas encore bien. Cette médaille, on est deux à l'avoir gagnée, mais je pense surtout à tout le groupe super qu'on a composé pour ces Olympiades et cette médaille, elle est pour toutes les filles, tout le clan de l'aviron Grenoblois, et Français"
On va repartir à fond, finalement 2024, ce n'est pas si loin que ça, mais on va d'abord savourer notre victoire et faire un break"
Et pourquoi pas l'or en 2024 ? Bien sûr que la jeune femme en rêve déjà :"on va repartir à fond, finalement 2024, ce n'est pas si loin que ça. Il faudra se requalifier, tout refaire, mais cela va nous tenir en haleine ces trois prochaines années, pour l'instant on va déjà savourer celle-ci, prendre des vacances et faire un petit break avant de repartir" explique Laura, ravie que l'aviron ait brillé : " finalement notre sport est assez méconnu, peu médiatisé, les Jeux, c'est une fois tous les 4 ans, et quand on vit l'événement, on se rend compte de l'importance d'un podium, c'est aussi une reconnaissance d'années entières de travail acharné en club".
La catégorie poids léger supprimée après 2024
A Paris 2024, ce sera la toute dernière fois qu'il y aura des catégories de poids en aviron olympique. Elle seront ensuite supprimées. Est-ce un regret ? "ah oui, carrément c'est un regret, c'est très dommage, cela veut dire que l'aviron ne sera réservé qu'aux athlètes qui font deux mètres et pèsent 90 kg, alors que ceux qui sont un peu gringalets, comme moi, peuvent largement réussir (...) moi c'est ce qui m'a motivée, m'a fait rêver, s'il n'y avait pas eu de catégorie poids légers, je ne serais pas là aujourd'hui..."
*Le programme olympique d'aviron, établi avec la Fédération Internationale des Sociétés d'Aviron, la FISA comprenait jusqu'à présent, depuis les Jeux d'Atlanta de 1996, des épreuves "poids léger". La limite de poids est de 59 kg pour les femmes, la moyenne par équipage ne pouvant dépasser 57 kg. Chez les hommes, le poids maximal est de 72,5 kg et la moyenne par équipage de 70 kg.
- Cette catégorie poids léger est appelée à diparaître. Le CIO ne veut plus entendre parler de catégories de poids dans un sport comme l'aviron. Le quatre sans PL a été supprimé au soir des Jeux de Rio et les deux de couple PL (hommes et femmes) devraient donc connaitre le même sort après Tokyo.
- La FISA en revanche a voté récemment solennellement pour proposer au CIO d'inscrire l'aviron de mer au programme des Jeux Olympiques de Paris à la place des deux embarcations poids léger, indique dans cet article le journal l'Equipe. Le dossier a été déposé dès le mois de février dernier un dossier auprès du CIO pour l'inclusion de l'aviron de mer (deux courses de skiff et un double mixte) aux Jeux 2024 (les épreuves se dérouleraient à Marseille) et il n'est pas dit que la proposition soit retenue, le comité d'organisation de Paris étant en quête d'économies.
La décision finale est désormais dans les mains de la commission exécutive du CIO, qui se réunira en décembre.