A Grenoble, les dealers du quartier Mistral sont très actifs sur le réseau social Snapchat. Et ils ne manquent pas d'idées pour y faire la promotion de leurs produits. Ce week-end, ils ont ainsi organisé une tombola via l'application.
Il y a quelques jours à peine, des dealers du quartier Mistral de Grenoble ont lancé une tombola pour leurs clients. Le gros lot ? Une Playstation 4. Dans une vidéo diffusée sur Snapchat, ils ont procédé au tirage au sort et annoncé le numéro du ticket gagnant, invitant leur client à venir récupérer son cadeau.
L'utilisation de l'application Snapchat par les trafiquants de drogue à des fins commerciales n'est pas nouvelle. Très utilisé chez les 13-25 ans, ce réseau social permet de publier des photos et des vidéos éphémères qui disparaissent au bout de 24 heures.
Petites annonces et offres d'emploi
"Un ticket de grattage offert pour l’achat d’une barrette à 20 euros", "La beuh provenance Pays-Bas, 20 euros les 2 grammes", "Venez faire vos achat (sic) en toute sécurité chez XXX et dans l’anonymat le plus total"... Les petites annonces de ce type sont publiées régulièrement par les trafiquants du quartier Mistral pour attirer le client.
Certains dealers y font également circuler les photos de leurs dernières trouvailles marketing, comme ces petits pochons en plastique noir portant l'image d'une feuille de cannabis et le nom "Mistral 38", et qui servent à emballer leurs produits.
La plateforme est aussi utilisée pour diffuser des "offres d'emploi". Il y a plusieurs semaines, les dealers du quartier Mistral avaient ainsi posté une vidéo pour recruter des "guetteurs" dans le quartier.
"Des pratiques qu'on ne voit pas partout en France"
Eric Vaillant, procureur de la république de Grenoble a pris connaissance de ce phénomène et ouvert plusieurs enquêtes. Il estime que "ce sont des pratiques qu’on ne voit qu'on ne voit pas partout en France, à Grenoble et probablement à Marseille".
A ses yeux, ces pratiques banalisent le trafic de drogue. "Le vrai souci, c'est qu'ils utilisent des méthodes de marketing utilisées pour des produits totalement légaux".
"Ca accoutume les gens à l’idée que le cannabis est un produit comme les autres", poursuit le procureur, "puisque comme dans un supermarché il peut y avoir une tombola, mon dealer fait une tombola. Mais le cannabis n'est pas un produit comme les autres, c’est un produit dangereux et illégal."
Un plan de lutte anti-drogue
Le procureur de la république élabore actuellement un plan de lutte anti drogue. Son ambition : lutter contre "les petits dealers de rue jusqu’aux chefs de ces réseaux".
Selon Eric Vaillant, il s'agit de "mieux coordonner nos actions, choisir nous-mêmes les territoires sur lesquels on va agir, les personnes sur lesquelles on va agir, par une meilleure concertation entre les services de police, de gendarmerie et de douanes".
"On ne pourra pas supprimer toutes ces actions des dealers sur les réseaux sociaux. Par contre, plus on arrêtera les dealers, plus on en enverra en prison, plus on va contribuer à baisser ce type de pratique".