Un violent incendie revendiqué par la mouvance d'extrême gauche a ravagé dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 septembre 2017 des locaux techniques de la gendarmerie de Grenoble, détruisant du matériel d'investigation, de nombreuses pièces à conviction et plusieurs dizaines de véhicules.
L'incendie comme sa revendication rapide sur le site indymedia.org, régulièrement utilisé par ces organisations, interviennent deux jours après des faits similaires à Limoges où cinq véhicules de gendarmerie ont été brûlés à l'intérieur de la caserne Jourdan.
Le texte posté à la mi-journée affirme que "cet acte s'inscrit dans une vague d'attaques de solidarité avec les personnes qui passent en procès ces jours-ci".
Huit prévenus comparaissent depuis mardi et jusqu'à vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour l'attaque et l'incendie d'une voiture de police en mai 2016 à Paris lors des manifestations violentes contre la loi Travail.
Les enquêteurs de la section de recherches, à qui a été confiée l'enquête diligentée par le parquet de Grenoble, avaient cette hypothèse en tête dès le matin mais "aucune piste n'est fermée", a affirmé à l'AFP le colonel Yves Marzin, commandant le groupement de gendarmerie de l'Isère.
De nombreux techniciens en identification criminelle s'affairaient sur les lieux du sinistre, a constaté l'AFP. Par ailleurs, les enregistrements de caméras de vidéosurveillance balayant ce secteur étaient en cours d'exploitation.
Les incendiaires se sont introduits après avoir découpé le grillage de l'enceinte extérieure de la caserne Hoffner, dissimulés des regards par un petit camion garé sur le trottoir.
Les bâtiments ciblés étaient à environ 70 mètres et l'incendie a démarré à 3h30 du matin. Deux départs de feu ont été repérés par les enquêteurs.
Les scellés de l'affaire Maëlys en lieu sûr
Quelque 70 pompiers mobilisés ont maîtrisé le feu vers 6h15. Seuls ces bâtiments, à l'écart des immeubles d'habitation (des gendarmes et de leurs familles ou du voisinage immédiat), ont été atteints.
Malgré l'impossibilité de pénétrer dans les "2.000 m2 de locaux techniques", réduits à l'état de décombres fumants, l'ampleur des dégât était évidente.
Il a surtout été question dans un premier temps des véhicules mis hors d'usage : "au minimum 30 véhicules de la gendarmerie mobile et quelques véhicules de l'état-major du groupement". Mais "la gendarmerie au niveau régional peut fournir sans problème l'ensemble des moyens nécessaires pour que la capacité opérationnelle ne soit pas impactée", a assuré la gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes.
Mais plus grave, il s'avère que, sans forcément avoir été la cible première, "la cellule d'investigation criminelle est complètement détruite avec tous les scellés en cours de traitement", a-t-on appris de source proche de l'enquête.
"Tout est parti en fumée", a soupiré une autre source.
Les équipes chargées des enquêtes criminelles étaient en effet abritées dans ces locaux lambda, jouxtant la partie garage du bâtiment. Toutefois, les scellés de l'enquête sur la disparition de la petite Maëlys "ne sont pas concernés", selon la même source.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, "consterné et indigné" par cet "acte particulièrement grave", a assuré que "toutes les dispositions étaient prises pour que les véhicules et le matériel soit remplacés sans délai" et "que les unités touchées par ces destructions soient en mesure de remplir leur mission".
Un gendarme a été légèrement intoxiqué en tentant d'intervenir mais son état n'inspirait pas d'inquiétude. Il a été placé sous surveillance au CHU de Grenoble.
Voir le reportage de Christian Deville, Dominique Bourget, Pierre Maillard