Dans son rapport sur la sécurisation de la chasse publié le 14 septembre dernier, une mission sénatoriale propose d’interdire la consommation de stupéfiants et d’alcool aux chasseurs. "Un non sujet" balaye la Fédération des chasseurs de l’Isère, pour qui "il n’y a pas d’alcool pendant la pratique".
À la suite de la pétition du collectif "Un jour, un chasseur" qui a recueilli plus de 120 000 signatures en novembre 2021, le Sénat a créé une mission de contrôle pour sécuriser la pratique de la chasse.
Dans leur rapport, les sénateurs formulent 30 propositions pour améliorer les conditions de sécurité, dont l’interdiction de la chasse en état d’ébriété ou après la prise de stupéfiants. "La mission a constaté que les chasseurs eux-mêmes demandaient soit ouvertement, soit officieusement cette évolution pour ne plus supporter des accusations infondées et pouvoir écarter ceux qui ne respectent pas les règles élémentaires de prudence", peut-on lire dans le rapport sénatorial.
"Il n’y a pas d’alcool pendant la pratique de la chasse"
Pour Danielle Chenavier, présidente de la Fédération des Chasseurs de l’Isère, l'image du chasseur alcoolisé n'est qu'une "caricature traînée depuis un certain sketch", faisant référence aux Inconnus chassant la Galinette cendrée à coup de bouteilles de rouge et de canettes de bière.
"Il n’y a pas d’alcool pendant la pratique de la chasse. Il y a de la convivialité après, comme dans d’autres pratiques, d’autres sports. Mais pendant la pratique de chasse, non. Les chasseurs sont les premiers à vouloir que tout se passe en sécurité, car ce sont les premières victimes d’accidents de chasse. Alors il n’est pas question d’accepter des gens alcoolisés autour de nous" a-t-elle réagi, assurant que l’alcool pendant la pratique de la chasse était un "non-sujet".
9 % des accidents de chasse
Pourtant, selon les sénateurs, l’alcool serait en cause dans 9 % des accidents de chasse, une proportion qui suffit, selon eux, "à justifier cette évolution législative attendue".
"Quand on manipule une arme, il faut qu’on soit blanc de toute trace d’alcool, ça parait logique, c’est comme en voiture, assure de son côté André Munier, le président de la Fédération des Chasseurs de Haute-Savoie. C’est une prise de position du Sénat à laquelle je suis favorable".
A l'échelle de la Fédération nationale, cette proposition est "incompréhensible" pour son président Willy Schraen. "De quel droit réserver ça aux chasseurs, un mec bourré sur un vélo, c'est dangereux aussi", s'est-il agacé auprès de nos confrères de l'AFP.
Dans leurs conclusions, les Sénateurs proposent d’aligner le taux d’alcoolémie retenu, l'interdiction des stupéfiants ainsi que leurs sanctions respectives sur les règles du code de la route. Les contrôles pourraient être opérés par les forces de l'ordre, mais aussi par les gardes-forestiers.