L'accident qui a coûté la vie à un vététiste britannique en Haute-Savoie le week-end dernier a aussi marqué les chasseurs, qui se disent "stigmatisés". En Isère, ils ont pourtant mis sur pied une application qui permet de signaler les battues, une manière de sensibiliser le public à leur pratique.
Tombé dans la nuit, le brouillard n'était pas près de se lever ce dimanche matin. Une épaisse purée de pois qui empêchait les chasseurs de tenter le moindre tir... Ce matin, l'opération "un dimanche à la chasse", était assez mal partie. Depuis trois ans, l'association communale de chasse de Chatonnay, sur la commune d'Arandon (Isère), cherche à provoquer la rencontre entre son monde et celui des promeneurs dominicaux. Dernière trouvaille en date : "Jour de chasse", une application pour localiser en temps réel les zones à risques. Reportage.
Entièrement gratuite, le service est téléchargeable sur un smartphone hors-ligne - sans être connecté à Internet - depuis un an. La carte qui s'affiche est divisée entre les zones oranges, celles correspondant aux battues, les zones rouges, indiquant les réserves de chasse, et les zones en vert, où chacun peut se promener librement sans risques.
"Il y a vingt ans, le chasseur cherchait avant tout à se cacher, analyse Patrice Sibut, directeur de la fédération de chasse de l'Isère. Désormais, il a compris que sa visibilité était source de sécurité pour lui-même et pour le randonneur".
En ce "dimanche de chasse", certains néophytes sont venus voir de quoi il en retournait. "Il ne faut pas être sectaire : j'ai partagé les bois en VTT pendant des années avec les chasseurs, raconte Thierry Bossad. On entend beaucoup de choses dans les médias. A un moment donné, on doit prendre ses responsabilités et venir voir comment cela se passe de l'autre côté de la barrière".
Comment pister les traces d'un animal, analyser l'affût d'un chien ? Comment repérer le sens du vent ? Autant de questions qui suscitent la curiosité des non-adeptes. Mais certaines sont cruciales : comment respecter les règles de sécurité lorsqu'on a une arme ? Thomas, titulaire du permis de chasse depuis quatre ans, fait volontiers la démonstration de son semi-automatique, calibre 12. "Il ne se casse pas. Du coup, à chaque traversée de route, on est obligé de retirer toutes les cartouches de la chambre et du magasin, pour des raisons de sécurité".
L'initiative a vocation à rapprocher tous les pratiquants de la nature, mais l'association le sait : elle n'éliminera pas tous les accidents.