Une intervention portant sur le consentement sexuel s'est tenue mardi au lycée Philibert Delorme de l'Isle-d'Abeau, en Isère. Entre libération de la parole, tabous et stéréotypes.
Aborder la question du consentement sexuel pour libérer la parole des jeunes. Au lycée Philibert Delorme de l'Isle-d'Abeau (Isère), quelques élèves ont assisté à une intervention sur le consentement mardi 24 novembre dans le cadre d'une campagne de l'ONU contre les violences faites aux femmes.
"C'est quoi le consentement ?", questionne un élève dans la cour de l'établissement. "C'est quand t'es d'accord ou pas. Et il y a des garçons qui ne le respectent pas", répond Dune, lycéenne de 17 ans, pour qui cette notion est cruciale à aborder dès l'enseignement secondaire.
"Il y a lieu de parler de cette question qui est importante dans les relations entre les hommes et les femmes, confirme le proviseur du lycée, Yves Dasian. La façon dont on nous parle [d'amour] détermine la façon dont on le voit et dont on se comporte dans nos relations avec les autres. Si on fait son éducation sentimentale sur Youporn, on a une vision tronquée de la réalité."
Briser les tabous
Le premier groupe qui assiste l'intervention est composé uniquement de jeune filles. Devant elles, Emilie Thibaud, agent de prévention à la mairie de l'Isle-d'Abeau. Très vite, les questions autour du viol mais aussi des pratiques sexuelles choquent certaines élèves qui refusent le débat.
"C'est pas grave. Ce n'est pas parce qu'elles ne parlent pas toutes qu'il n'y a pas une prise de conscience, qu'il n'y a pas des informations qui leur viennent en tête, des images ou des stéréotypes qu'elles ont et qui peuvent être modifiés par un adulte, par leurs camarades. Il faut briser le silence à tout prix", juge l'intervenante.
Emilie Thibaud déplore le tabou qui entoure la sexualité pour certaines jeunes filles. "On a rappelé leur droit à dire non, on n'a pas abordé l'éducation sexuelle. Dès qu'elles entendent certains mots, comme pénétration dans la définition du viol, elles confondent un terme juridique avec de la sexualité ce qui fait qu'elles se referment et elles n'entendent pas", constate-t-elle.
Deux salles, deux ambiances
Lors de l'intervention suivante avec les garçons, l'ambiance est nettement différente. Devant Emilie et Leni, lui aussi agent de prévention, la parole fuse et les échanges sont sans tabou. "Sur la question du consentement, ils auraient pu faire l'intervention à ma place, s'amuse Emilie Thibaud. Ils avaient tout compris, ils l'expliquaient très bien à travers leurs mots. Eux, c'est l'image de la femme qui est compliquée. Il faut qu'elle soit droite, qu'elle soit comme ça, qu'elle s'habille comme ci."
Pas toujours facile de donner son intime sentiment devant les camarades mais pour la plupart des adolescents, ces discussions sont nécessaires. "Je pense que c'est bien, parce qu'il y a encore peu de personnes qui savent qu'il y a beaucoup de filles et de garçons qui sont violés. Ils ignorent tout. Je trouve ça bien d'en parler", réagit Lucas, 15 ans.
Roxane, 15 ans, est la seule fille de sa classe. Cette intervention faisait écho à certaines situations auxquelles elle s'est confrontée. "C'est assez compliqué. Il faut que les garçons soient plus matures, il ne faut pas qu'ils forcent les filles à faire quelque chose dont elles n'ont pas envie", résume la lycéenne. Le lycée Delorme organisera tout au long de l'année des interventions autour des thématiques de la sexualité.