REPLAY. A Crolles (Isère), deux anciens alliés s'affrontent pour le second tour des municipales. Le maire sortant (Divers centre), Philippe Lorimier se retrouve face à sa première adjointe Anne-Françoise Hyvrard (DVG). Résumé du débat organisé, ce jeudi 18 juin, sur le plateau de France 3 Alpes.
A Crolles, petite commune du Grésivaudan située entre Grenoble et Chambéry, deux anciens alliés se retrouvent face à face pour le second tour des municipales de 2020. Philippe Lorimier, le maire sortant, affronte sa première adjointe Anne-Françoise Hyvrard arrivée en tête au premier tour avec près de 40% des voix.
Mais à Crolles, comme presque partout en France, le premier tour a été marqué par une forte abstention en raison de la crise sanitaire du coronavirus (57,4%). La course à la mairie reste donc ouverte !
Les candidats
Arrivée en tête au premier tour avec presque 3 points d'avance, Anne-Françoise Hyvrard (Crolles 2020) est âgée de 54 ans. Directrice d'agence dans le secteur du logement social, elle est soutenue par Europe Ecologie Les Verts, Génération.s et le PCF.
Philippe Lorimier (Crolles ensemble pour demain) brigue un second mandat. Il est âgé de 61 ans et exerce un métier qui le classe dans la catégorie des cadres supérieurs (entreprises publiques). Pour faire barrage à la candidate dissidente, le maire socialiste qui avait obtenu 36,84% des voix au premier tour s’est allié avec le candidat de droite Patrick Ayache (arrivé 3e avec 23,36% des suffrages). Il perd son étiquette de gauche et devient Divers centre.
Le contexte politique local
En 2014, pour son premier mandat de maire, Philippe Lorimier avait été élu dès le premier tour. A la tête d’un large rassemblement de la gauche avec le PS, le PC et EELV, il avait recueilli plus de 60% des voix. Il succédait naturellement à François Brottes qui ne souhaitait pas briguer un troisième mandat et lui avait cédé la place et accordé sa confiance. Mais ce premier mandat a été marqué par une scission de la majorité en 2017 initiée par Anne-Françoise Hyvrard alors première adjointe.
3 choses à retenir du débat
Le projet coeur de ville au coeur de la division
Les deux candidats, issus de la même majorité municipale, ont travaillé côte à côte pendant 6 ans. Ils ont voté tous les deux le projet "coeur de ville". Un projet de réaménagement du centre-ville peu attractif. Mais aujourd'hui, ils sont divisés.
La candidate dissidente accuse. Le maire sortant n'a pas tenu le cap selon elle. "Le début s’est bien déroulé sur les phases de diagnostic et perspectives et quand on est arrivé au moment de mettre les choses en œuvre, une partie de son équipe n’adhérant pas à cette démarche, il y a eu un coup d’arrêt. Depuis le projet a été longtemps arrêté. Il est reparti maintenant sous forme d’un projet routier avec une réunion d’information qui a eu lieu cet automne et qui n’est pas du tout ce qui était prévu à l’origine."
"C'est caricatural" lui répond Philippe Lorimier visiblement agaçé et il se défend. Selon lui, le projet avance : "On travaille sur plusieurs phases. La première c’était de permettre aux piétons et cycles d’avoir plus d’espace sur la route départementale" pas simple et très technique selon l’actuel premier magistrat de la commune qui ajoute : "Il ne suffit pas de claquer dans les doigts, ce n’est pas de l’incantation, à un moment il faut travailler les sujets techniquement."
L'écologie : une affaire de "petits bourgeois" ?
Les deux candidats se revendiquent de gauche et portés par des valeurs écologiques. Et sur cette question, c'est au tour du maire sortant de mettre en garde la candidate soutenue par EELV : "Aujourd’hui on voit bien qu’on est sur une écologie de classe (…) On voit bien où se situe l’électorat d’EELV (…) EELV ne s’adresse pas aux classes populaires et si on veut gagner la bataille de l’écologie, il faut emmener les classes populaires."
Anne-Françoise Hyvrard contre-attaque : "On représente les habitants de Crolles, petits bourgeois et non petits bourgeois. Durant toute notre campagne nous avons rencontré énormément de monde, nous sommes allés dans tous les quartiers. La préoccupation écologique n’est pas réservée aux petits bourgeois, je trouve ça très méprisant de dire ça."
Deux visions d'une démocratie participative
Anne-Françoise Hyvrard s’est inspirée de l’exemple de Saillans dans la Drôme, qui met les citoyens au sommet de la pyramide. Pas question que le maire décide seul. Crolles 2020 propose donc que les décisions importantes du maire soient prises en concertation avec deux maires associés. Et il faut associer les habitants de la commune à chaque étape.
Le maire sortant n’y croit pas. Selon lui, il faut trouver d’autres solutions pour intéresser durablement les citoyens aux affaires politiques locales : "au début ils sont très nombreux et au bout de 6 ans, force est de constater que les seuls qui restent, ce sont les élus."
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