C'est une réunion à huis-clos pour libérer la parole des victimes de l'abbé pédophile Louis Ribes qui s'est déroulée jeudi soir à Vienne. Contrairement à la semaine dernière dans la Loire, la salle était loin d'être pleine.
"Aucune communication n'a été faite de la part du Diocèse pour cette réunion!" la femme d'une victime du père Ribes ne décolère pas.
Absence de communication
Jeudi soir, 27 janvier, c'est une nouvelle réunion organisée pour libérer la parole des victimes du père Ribes qui a eu lieu à Vienne. C'est dans cette commune du nord-Isère que Louis Ribes était séminariste. Il y a fini sa vie. Mais contrairement à la réunion de Grammond, la pièce était loin d'être bondée. Peu de personnes étaient présentes pour y assister. La communication autour de cette réunion publique organisée par le diocèse de Grenoble a-t-elle été trop discrète ou défaillante? Certains le déplorent et disent avoir appris sa tenue grâce à la presse locale.
A l'extérieur, une autre victime de l'abbé est excédée. L'homme explique avoir interpellé le diocèse sur sa communication. " Evidemment, il n'y a pas grand monde! Vous n'avez pas communiqué! Nous, on n'était pas invité il faut le savoir!"
Que sont devenus les dessins et photos?
La réunion était conduite par le vicaire général de Vienne Loïc Lagadec. Très vite, le ton est monté. Les victimes et leurs familles veulent notamment savoir ce que sont devenues les centaines de photos, croquis et dessins pédopornographiques de leurs proches réalisés par le religieux.
"Jusqu'à ce jour, on ne sait toujours pas où sont ces photos, où sont ces croquis, où sont ces tableaux de Monsieur Ribes, le pédo-criminel ? Où avez-vous mis ces oeuvres? Où sont les croquis de mon mari ? Où sont les croquis de tous les enfants qu'il a dessinés et toutes les photos pornographiques ? On les veut !" s'emporte Sihem G., la femme d'une victime de l'abbé Ribes.
Absence d'enquête de l'Eglise
Le vicaire s'est engagé à mener une enquête à ce sujet. Mais depuis le premier signalement, en 2015, l'Eglise n'a jamais conduit aucune enquête. "C'est vrai que l'Eglise a mis du temps à s'occuper de la gestion des abus anciens," explique avec précaution le vicaire général. "Ça en reste là ..." questionne notre journaliste. "Ça change en ce moment!" répond le vicaire. " "Oui, mais ça en est resté là ...." reprend la journaliste à plusieurs reprises, "en 2016, ça en est resté là .. Une victime vient, dit il y a d'autres enfants, on a été abusés ...et ça en reste là."
Silence embarrassé du vicaire général. "Je viens pour vous dire qu'on fera autrement !" conclu Loïc Lagadec.
Le père Jean-Luc Souveton, victime dans une autre affaire, était présent à cette réunion. Il reconnait la difficulté d'accorder confiance à l'église. "C'est la difficulté de trouver une parole qui soit suffisamment précise pour amener un peu de calme." Les victimes attendent aujourd'hui des gestes concrets de l'Eglise.
Combien de victimes ?
Après des décennies de silence, les victimes du père Ribes se libèrent peu à peu et osent témoigner. Mais Louis Ribes, surnommé "Le Picasso des Eglises" est mort depuis 28 ans. Cette nouvelle affaire d'abus sexuels sur mineurs commis au sein de l'Eglise a éclaté mi-janvier. Aujourd'hui, les accusations pleuvent. Impossible à ce jour de savoir combien d'enfants ont été victimes de ces agressions sexuelles. Les remonteraient aux années 70. Début janvier, les trois diocèses concernés ont invité les victimes à parler, à se manifester pour être accompagnées au mieux. Une première réunion a eu lieu dans une salle communale du village natal du père Ribes, à Grammond dans la Loire. Elle a permis à une douzaine de victimes du prêtre de s'exprimer.