"Pourquoi on en est arrivé là ?", quatre mois après l'éboulement à La Rivière, la question des responsabilités reste en suspens

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Le 25 juillet dernier, un pan de la montage s'était effondré sur la route reliant Grenoble à Valence. Quatre mois plus tard, les habitants de la Rivière attendent encore de connaître les causes de cet éboulement.
Quatre mois après l'éboulement à La Rivière, en Isère, les habitants cherchent à comprendre les raisons de cette catastrophe. ©FTV

Le 25 juillet dernier, la commune de La Rivière en Isère était secouée par un spectaculaire éboulement, restreignant la circulation sur la route départementale reliant Grenoble à Valence. Quatre mois plus tard, un collectif d'habitants essaye toujours de faire la lumière sur les causes et les responsabilités de cette catastrophe.

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Les mois se suivent et se ressemblent à La Rivière en Isère. Quatre mois après l'éboulement survenu sur la commune iséroise, la route départementale reliant Grenoble à Valence est toujours coupée à la circulation. Malgré le temps qui passe, les habitants restent plongés dans le flou et désirent aujourd'hui connaître la vérité sur les causes de cette catastrophe.

Le 25 juillet dernier, la commune de La Rivière était le théâtre d'un éboulement spectaculaire. Un pan de la montagne s'est effondré et a terminé sa course au pied du Vercors. 1 million de mètres cubes de matière recouvraient la RD 1532. Plusieurs dizaines de mètres de matériaux se sont accumulés et ont ravagé une voie de circulation et des terres agricoles.

La carrière au cœur des interrogations

Un spectacle désolant et effrayant immortalisé par de nombreux habitants et passants, et dont les images ont fait le tour des médias. Quatre mois plus tard, la montagne bouge toujours. Et les habitants s'inquiètent encore. Ils se sont réunis en collectif pour tenter d'obtenir des réponses à cet événement jusque-là inexpliqué.

"Pourquoi on en est arrivé là ? Finalement, c'est quand même assez grave ! On aurait pu avoir des dizaines de morts sous cet éboulis, donc c'est important que l'on sache ce qui s'est passé. Ce sont des questions légitimes !", estime Hervé Houelleu, membre du collectif d'habitants "La montagne gronde".

Mais selon les géologues et géotechniciens en charge des études, les hypothèses sont multiples. "La première, ce sont les conditions pluvieuses de ce printemps qui ont pu lubrifier la falaise calcaire du Vercors. La deuxième hypothèse, c'est une déstabilisation liée à l'exploitation même de la carrière. Et enfin la troisième hypothèse pourrait être liée à des séismes", expliquait Serge Taboulot, le président de l'Institut des Risques Majeurs, le 27 juillet 2024.

Parmi ces trois hypothèses, les habitants restent perplexes quant à l'implication de la carrière. Ce chantier exploite ce secteur du Vercors depuis plus de 45 ans. Elle permet d'alimenter principalement l'agglomération grenobloise. Pour le collectif "La montagne gronde", le lien entre l’exploitation de la carrière et l’éboulement ne fait pas de doute.

"95 % de la matière provient du dessus de la carrière, à moitié sur l'exploitation actuelle et sur le reste après la concession", dénonce Thierry Lou, membre du collectif. Ce constat a été confirmé par le rapport d'étude publié 6 jours après l'éboulement :

"L’analyse structurale nous informe que les plans rocheux en place, conformes à la pente et la suppression progressive de la butée de pied liée à l’exploitation de la carrière sont des éléments favorables à la survenance du glissement rocheux", peut-on lire dans ce rapport.

Une première alerte en 2019 ?

Et pour faire la lumière sur cet événement, le journal grenoblois le Postillon a mené une enquête sur cette carrière exploitée par l'entreprise Carron et le groupe Eiffage. Dans celle-ci, on apprend qu'un premier éboulement avait libéré, en 2019, la dalle inclinée qui a servi de toboggan à celui survenu l'été dernier.

"Ce type d'événement doit être communiqué à l'inspection des installations classées sous 15 jours. Et la carrière de La Rivière ne l'a pas fait", raconte Raul Guillen, journaliste au Postillon et auteur de cette enquête. Il qualifie ce manquement d'assez "grave" et assure qu'aucune sanction ni mise en demeure n'a été prise à l'encontre des exploitants.

Malgré nos multiples tentatives, les autorités n'ont pas souhaité communiquer sur ce sujet. Seul le département de l'Isère a accepté de briser ce silence. En charge de l'entretien des routes, il assure que la circulation sur la départementale 1532 reliant Grenoble à Valence sera rétablie "au plus vite".

Qui doit payer la facture ?

Son vice-président, Bernard Perazio, en charge des mobilités et de la construction publique affirme également que la collectivité "se considère comme une victime de ce phénomène" avant d'ajouter que leurs "experts, [leurs] conseillers juridiques et [leurs] assurances travaillent actuellement pour voir s'il y a des responsabilités qui peuvent être recherchées afin que le département puisse faire valoir ses droits financiers".

Car en attendant de trouver les responsables, il va falloir financer les travaux pour remettre en état cette route empruntée par plus de 7 000 véhicules chaque jour avant l'éboulement. Désormais les automobilistes sont contraints de prendre l'autoroute et de s'affranchir du paiement d'un droit de passage au péage.

La commune de La Rivière a effectué une demande de classement en catastrophe naturelle. "Si c'est déclaré en catastrophe naturelle, c'est à l'Etat et aux assurances de payer pour les dégâts et pour les travaux à entreprendre. Et cela dédouane complètement les industriels qui sont sur place", se projette le journaliste Raul Guillen.

Pour l'heure, aucun scénario n'est exclu et il faudra encore du temps pour connaître celui choisi. Mais une chose est sûre : la circulation ne devrait pas reprendre sur la RD 1532 avant trois à cinq ans.

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