Réchauffement : en Isère, l'ONF plante les arbres du monde d'après

En ces temps incertains, comme il est bon d'imaginer l'avenir. De se projeter au-delà du virus. En Isère, l'ONF n'a pas attendu le COVID pour planter les arbres du monde d'après... le réchauffement climatique, un enjeu encore plus large que la pandémie.

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Dans le Sud de l'Isère, l'Office National de Forêts teste depuis plusieurs années la plantations d'essences qui résisteraient au changement climatique.

A Saint-Honoré, Erick Salvatori, responsable de l'ONF Oisans-Matheysine, nous a guidé à travers ces plantations. 

La forêt communale, située à 1 300 mètres d'altitude, avait subi en 2012 un gros coup de vent qui avait rasé les arbres. 

Depuis, l'ONF a replanté plusieurs essences, et notamment du mélèze et du cèdre de l'Atlas.

"Planté plus tard, le cèdre a poussé beaucoup plus vite" explique Erick Salvatori, "c'est le candidat idéal face au réchauffement".
 



En fait, c'est le grand retour du cèdre sur ces pentes. Il poussait ici avant le dernier grand changement climatique : la glaciation, il y a plus de 10 000 ans.

Depuis, il a colonisé notamment l'Afrique du Nord, l'Atlas dont il porte le nom. Son adaptation à la chaleur et au climat montagnard est éprouvée.

 
 

La forêt souffre du réchauffement



Dans les Alpes du Nord, les étages de végétation remontent déjà de 60 mètres tous les 10 ans, pour chercher la fraîcheur.

Mais les prévisions moyennes du GIEC annoncent un risque d'augmentation des températures de 3 à 5 degrés d'ici la fin du siècle.

Or 5 degrés, c'est la différence de température entre les sapins de La Mure et les garrigues de Montélimar !

De plus en plus d'études montrent que l'adaptation naturelle des forêts ne pourra plus suivre l'évolution climatique.

Avec pour conséquences : l'augmentation des risques naturels (incendies), l'inversion de la capacité des forêts à capter du carbone, la dégradation d'une ressource économique (400 000 emplois au total en France). 
 


Le cèdre de l'Atlas a fait ses preuves


Les forestiers du Sud-Isère (Trièves, Matheysine, Oisans) ont voulu anticiper le changement climatique.

En lien avec les propriétaires et les collectivités locales, avec ses partenaires scientifiques comme l'INRAE, ils ont tenté d'imaginer le monde d'après.

Ils ont planté de nouvelles espèces forestières poussant naturellement dans des climats plus chauds et secs. Et le cèdre de l'Atlas prend nettement la tête au bout de 15 années d'expérience. 

"Loin de jouer les apprentis sorciers, nous nous appuyons sur nos prédécesseurs" explique Erick Salvatori.

Le cèdre de l'Atlas a aussi fait ses preuves dans le Lubéron et le Ventoux, au point que la France possède maintenant plus de cédraies que son pays d'origine, l'Algérie.
 


Imiter la nature, hâter son oeuvre


Erick Salvatori se veut modeste et pragmatique : "les forestiers ne font que donner un coup de pouce à la nature. Nous semons juste les graines de la forêt de demain."

"Avec le cèdre, l'objectif est d'implanter des îlots... pour qu'une fois adulte, la dissémination naturelle fasse le reste du travail". 
 


Une expérience collective 


La contribution à la forêt de demain est encore modeste, mais c'est un beau début. Quatre hectares de plantation (soit environ 4 000 plants) sur les 50 000 hectares de forêt publique du Sud-Isère.

Une quinzaine de communes (Trièves, Matheysine, Oisans) participent à l'expérience. L'opération se chiffre à environ 70 000 euros. Le Département de l'Isère en a apporté environ 25 000.

C'est le principal soutien financier du projet. Pour un double enjeu : écologique bien sûr, mais aussi économique... le bois de construction est importé à 70% dans notre région !
 




 
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