Lionel Beffre a demandé par courrier le retrait de la décision interdisant les biberons de lait maternel dans les crèches de la commune iséroise. Mais la mairie persiste et signe "par mesure de précaution".
La réponse est claire. Dans un courrier envoyé le 11 septembre 2019, le préfet de l'Isère Lionel Beffre demande au maire de Seyssinet-Pariset de "procéder au retrait de la délibération du 8 juillet 2019". Ce jour-là, le conseil municipal de la commune avait voté l'interdiction des biberons de lait maternel en crèche, pour une question de sécurité alimentaire.
Aucune base légale ou jurisprudentielle ne semble permettre l'interdiction faite aux parents de fournir à leurs enfants en crèche le lait maternel, rétorque Lionel Beffre dans la lettre.
"Excès de pouvoir"
La décision avait fait vivement réagir les défenseurs de l'allaitement maternel, dont les bénéfices pour l'enfant et la mère sont largement prouvés. Un "collectif pour le soutien à l’allaitement maternel dans les crèches de Seyssinet-Pariset" s'était créé en juillet. La pétition lancée par l'association grenobloise "Bien naître et Grandir" avait récolté plus de 10 000 signatures.Dans son courrier, le préfet poursuit : "En effet, s'il est loisible aux maires d'imposer une réglementation même stricte en matière d'hygiène et de conservation des produits laitiers lors du transport domicile-crèche, une interdiction générale apparaît, elle, entachée d'excès de pouvoir".
Affaire à suivre le 2 octobre
Pour autant, la municipalité ne compte pas retirer la décision dans l'immédiat, confirme Valérie Dubouchet, conseillère municipale à la petite enfance. "Aujourd'hui, nous, les collectivités, n'avons aucune réglementation concernant les biberons de lait maternel en crèche. Nos agents ont un protocole à respecter, des préconisations, mais on ne sait pas ce qu'il se passe à la maison, assure Valérie Dubouchet. Dans les conditions actuelles, nous ne sommes pas sereins" en matière de traçabilité et de sécurité alimentaire des biberons. En cas d'accident, la mairie s'estime responsable : "c'est une mesure de précaution", insiste la conseillère municipale.
Trois familles sont actuellement concernées par la décision. Les deux crèches ont mis en place un accueil pour que les mères puissent venir allaiter sur place ou que les pères nourrir leur bébé.
Une réunion sera organisée entre la mairie et la préfecture le 2 octobre pour discuter de l'interdiction. "Si le préfet nous décharge de toute responsabilité, bien sûr qu'on autorisera à nouveau les biberons en crèche dès le lendemain", conclut Valérie Dubouchet.