Témoignages. "On a sauvé l'essentiel, ce que l'on pouvait sauver" : au lendemain des inondations, les sinistrés constatent les dégâts

Publié le Écrit par Antonin Blanc et Renaud Gardette

L'épisode de précipitations qui s'est abattu dans les Alpes du Nord depuis lundi a causé d'importantes inondations. Face aux crues des lacs et rivières, les habitants n'ont rien pu faire. L'heure est désormais au nettoyage.

L'épisode était annoncé depuis plusieurs jours. Mais pour autant, il a surpris des dizaines d'habitants des Alpes du Nord. Les précipitations qui se sont abattues sur nos départements ont entraîné de nombreuses inondations.

Une montée des eaux rapide et conséquente causant d'importants dégâts à l'extérieur comme à l'intérieur des domiciles. Dans les villages submergés, le nettoyage a commencé. Mais la décrue se fait toujours attendre.

Le lac du Bourget immerge les communes voisines

À Vions en Savoie, situé entre le lac du Bourget et le Rhône, l'eau est montée très haut. À l'entrée du village, la chèvrerie a les pieds dans l'eau. Mais la centaine de bêtes a pu rester bien au chaud, sans se mouiller les sabots.

Quelques mètres plus loin, plusieurs habitant n'ont pas pu garder les pieds au sec. En raison de la crue du lac, un quartier a été immergé. Ce mercredi 13 décembre, certaines maisons ont enregistré plus de 50 centimètres d'eau au rez-de-chaussée.

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La crue du lac du Bourget a causé d'importants dégâts chez certains habitants. ©FTV

Même si l'eau est redescendue, l'émotion reste vive chez les sinistrés. "On peut dire que le plus gros est passé. C'est le gros moment du nettoyage. Mais c'est lourd ! Et puis ça nous replonge dans la situation qu'on a vécu hier", confie Jean-Pierre Savioz-Fouillet, avant d'éclater en sanglots.

Les habitants ont dû réagir vite. Pour sauver l'essentiel, beaucoup ont surélevé leur réfrigérateur, congélateur et autres appareils électroménagers. Roger Chapotton a lui tenté de porter secours à ses animaux : "Nos poules, je les ai montées au dernier moment. Mais il y en a une, je ne sais pas ce qu'elle a fait. Elle a sauté dans l'eau. Je l'ai retrouvée noyée ce matin."

"Une vraie solidarité très réconfortante"

Désormais, l'eau a presque totalement disparu des maisons. "En plus de vingt ans, je n'avais jamais connu ça, jamais à ce point. (...) Heureusement, on a une solidarité importante au niveau des voisins", raconte Jean-Pierre Savioz-Fouillet.

Dans le village de Vions, chacun a pu compter sur l'aide de son voisin pour entamer le nettoyage. "Entre voisins, les personnes se sont entraidées. Un certain nombre d'habitants se sont proposés pour donner un coup de main, aider à surélever le matériel, héberger également des sinistrés. C'est une vraie solidarité, très réconfortante par rapport à cette vie du village", se réjouit Manuel Arragain, maire (SE) de la commune.

Depuis mardi soir, la municipalité a déclenché son plan de sauvegarde communal. "Le message est toujours de dire aux habitants : 'protégez vos biens, certes, mais pensez avant tout à vous protéger vous, et évitez les dégâts humains.' De ce point de vue-là, c'est un vrai soulagement de voir qu'il n'y a pas de dégâts humains à déplorer", rappelle l'édile. Sur les bords du canal de Savières, la route a disparu, comme les jardins des maisons. Mais désormais, l'eau s'écoule dans la bonne direction : vers le Rhône.

Une douzaine d'habitations inondées volontairement

Dans la plaine du Bouchage, dans le nord de l'Isère, le plan de sauvegarde communal a aussi été déclenchée dans les cinq communes concernées. Depuis ce mercredi 13 décembre, une des vannes a été ouverte volontairement pour laisser le Rhône se déverser dans la plaine. L'objectif : protéger l'agglomération lyonnaise de la crue du fleuve.

Mais cette inondation volontaire s'est agravée le lendemain en raison de l'ouverture à deux tiers de la vanne. Dans le hameau de Saint-Didier d'Aoste, une douzaine d'habitations se sont retrouvées les pieds dans l'eau. Certains habitants se sont armés de sac de cendres de cheminée et de planches de bois pour barricader leur domicile.

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La plaine du Bouchage, entre l'Isère et l'Ain, a été inondée pour protéger la métropole lyonnaise. ©FTV

Malgré ce barrage, l'eau s'est infiltrée au rez-de-chaussée de Sandrine et Jean-Philippe Gros. Le couple a dû s'organiser pour sauver un maximum de mobilier. "La mairie nous a fourni des parpaings pour remonter le canapé, le réfrigérateur et le congélateur afin d'éviter que cela prenne l'eau, parce que sinon, après, tout est mort", raconte le sinistré.

En quatre ans, le couple n'a jamais connu de telles inondations dans le hameau. Au plus haut de la crue, près de 20 centimètres d'eau ont été enregistrés dans leur maison. Dans la cuisine, la porte donnant sur l'extérieur est bloquée par une importante quantité d'eau. 

"On a été pris de court. C'est désolant de voir cela. (...) Je ne connaissais pas le caractère inondable de notre maison. Là, tous les meubles vont être perdus. On a sauvé l'essentiel, ce que l'on pouvait sauver. C'est un peu dur", s'attriste Jean-Philippe Gros.

"Cela va être psychologiquement un peu compliqué"

Après l'ouverture de la vanne, le Rhône et la Bièvre ont débordé, immergeant la terrasse du restaurant "Aux 3 départements", situé à la frontière de l'Ain et de l'Isère. Au moment de revenir sur les lieux, son propriétaire constate que l'eau n'a toujours pas baissé.

"Là, c'est notre terrasse pour l'été et juste en dessous, notre parking pour nos clients. Mais là, tout est sous l'eau. On patiente", raconte Benoît Raux, restaurateur. Si ses cuisines et sa réserve ont été préservées, l'intérieur de son établissement n'a pas été épargné. 

La salle du restaurant est méconnaissable. Les tables et les radiateurs sont plongés dans 80 centimètres d'eau. Le nettoyage et la remise en état devraient prendre du temps. Les clients ne devraient pas pouvoir revenir avant 15 jours, selon le restaurateur.

Ce n'est pas notre plus grosse période de l'année, mais cela va être un manque à gagner. Cela va être psychologiquement un peu compliqué car c'est toujours dur de subir une inondation et tout ce qui s'en suit. Il va falloir monter des dossiers pour les assurances...

Benoît Raux, restaurateur

à France 3 Alpes

Mais le combat et les démarches ne pourront commencer qu'une fois l'eau évacuée. Dans la plaine du Bouchage, les inondations tendent à ralentir ce vendredi 15 décembre. La décrue se fait attendre et pourrait s'amorcer ce week-end ou en début de semaine prochaine.

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