Transports. Isère : 2800 euros par mois et pourtant l'entreprise n'arrive pas à recruter des chauffeurs

Qui veut conduire un camion ? Le secteur du transport embauche mais les candidats ne se bousculent pas. En Isère, les transports Laffond sont obligés de laisser des véhicules au garage faute de conducteurs. Et pourtant les conditions de travail se sont améliorées depuis quelques années.

Les chiffres sont formels, le secteur du transport routier n'a jamais vu ça : une hausse des effectifs de plus de 3%, soit plus d'une entreprise sur deux qui embauche. Pourtant 43% d’entre elles ont du mal à trouver des chauffeurs. C'est dix points de plus que l'an dernier. La pénurie s'aggrave sérieusement.
 

Des véhicules et des salaires plus "confortables"


Au Fontanil-Cornillon, en Isère (38), les transports Laffond emploient 50 chauffeurs mais quatre camions ne roulent pas faute de conducteur. Les offres d’emplois que Bruno Laffond publie sur tous les sites restent sans réponse.

Pourtant souligne le chef d’entreprise, les conditions de travail, de conduite et de confort ont bien évoluées pour les chauffeurs.

« Il n’y a plus à passer des vitesses et avoir des gros bras pour conduire, le volant se tourne avec un doigt. Ce sont pourtant des 44 tonnes mais le chauffeur ne le sent pas" explique Bruno Laffond, le patron de l'entreprise. 

Salaire net pour un débutant : 2800 euros par mois (toutes primes comprises, notamment pour la nourriture). Une paye sensée compenser une vie familiale en pointillés, sur les routes d’Europe du lundi au vendredi pour 8 heures de conduite par jour, cinq jours par semaine.

Christian Poulet, chauffeur dans l'entreprise pense que les jeunes pourraient être intéressés par le métier : « Il y a beaucoup de jeunes qui ne savent pas ce que c’est, ça leur plairait. C’est un peu dommage parce qu’on gagne bien sa vie et on a pas quelqu’un sur le dos tout le temps ! »

 

Un secteur dynamique...


En termes de création d'emplois, le secteur figure parmi les plus dynamiques en France. Selon le rapport annuel de l'Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (OPTL), au terme de l'année 2018 il comptait plus de 723.000 salariés, soit une hausse des effectifs de 3,1 % sur un an. En 2017, la branche avait franchi pour la première fois le seuil des 700.000 salariés, à 701.400 salariés, grâce à une progression de 2,6 % par rapport à 2016.

Pour le vice-président de l'OPTL, Bruno Lefebvre, « L'année 2018 a confirmé, dans la lignée de ce que nous observons depuis 2013, la dynamique positive de l'emploi dans la branche transports et logistique ».


...qui pèche par le manque de chauffeurs qualifiés


Si on en croit le résultat d'un sondage réalisé pour l'OPTL auprès de plus de 2.600 établissements, pas moins de 43 % des entreprises disent ainsi avoir éprouvé des difficultés à recruter en 2018, soit 10 points de plus qu'en 2017.

Selon cet organisme professionnel «Plus de 600.000 personnes déclarent rechercher un emploi dans le transport et la logistique » mais « tous ces demandeurs d'emploi ne possèdent pas nécessairement les qualifications qui les rendraient immédiatement employables ».
 

Former 45.000 nouveaux conducteurs en 2019


D’une manière générale, les besoins de chauffeurs routiers dans l’hexagone ne sont pas prêts de s'épuiser notamment parce que la profession est assez âgée. Les plus de 50 ans sont deux fois et demie plus nombreux que les moins de 30 ans.

Cette année, il faudrait former 45 000 nouveaux conducteurs routiers, conducteurs de poids lourds, d'autocars et d'ambulances pour faire face aux départs à la retraite mais surtout aux nouveaux besoins.

Certes le camion autonome pourrait arriver en Europe à l'horizon 2030 et selon le Forum international des transports, il pourrait pour le coup faire baisser la demande de chauffeurs de 70. Mais d'ici là, la demande va rester forte.
 
 
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