Twitter a suspendu momentanément dimanche 14 mars le compte de Mila, l’adolescente iséroise cible d’insultes après des propos sur l’islam. Elle aurait répondu après de nouvelles menaces, alors qu'elle avait publié un dessin de pain au chocolat
Twitter aura mis douze heures avant de rétablir le compte de la jeune fille, accusée par le réseau d'avoir "enfreint [ses] règles " en se livrant à du harcèlement en ligne. Or c'est elle qui avait reçu le dimanche 14 mars soir une floppée de messages haineux et menaçants, après qu'elle avait publié sur son compte un dessin de pain au chocolat réalisé… en maternelle.
"Je panique en me disant que mon compte a sans doute été spammé par de faux comptes destinés à commenter ma publication en masse pour me nuire. J'ai passé mon compte en privé, mais en ouvrant ma boîte, j'avais déjà reçu plusieurs messages insultants : “sale pute”, “islamophobe de merde”. Les trucs habituels, quoi… Sauf que là, ça allait très vite », à expliqué la jeune fille au journal Le Point. reconnaissant avoir répondu à certains, traitant l'auteur de l'un des messages de "puceau frustré", ce qui pourrait être à l'origine de sa suspension par le réseau.
Coucou, je suis de retour !
— Mila (@magicalorrs) March 15, 2021
Mes haters en ce moment : pic.twitter.com/mmEaJHVKJ7
L'adolescente iséroise est en permanence et régulièrement menacée de mort après avoir publié, en janvier 2019, une vidéo sur Instagram dans laquelle elle avait critiqué l'islam en des termes très crus, après avoir elle-même été insultée, ce qui lui avait valu d'être exfiltrée de son lycée.
Twitter a bloqué le compte de l'adolescente après le signalement de l'un de ses détracteurs. Le réseau social lui reproche une "violation des règles contre le harcèlement"...
L'avocat de Mila Richard Malka a dit son indignation "la règle sur Twitter, c'est que les victimes sont sanctionnées et les harceleurs récompensés ; ça fonctionne comme ça, Twitter, et je dis bravo.(...) C’est invraisemblable, elle n’est que victime" en dénonçant "une plateforme de l’arbitraire qui refuse d’appliquer les lois françaises, un réseau sans foi ni loi". "C’est comme si vous étiez agressé dans la rue et qu’on vous condamnait pour agression", a-t-il déclaré.
La décision de Twitter a suscité ce lundi matin, l'indignation de la part de la Licra, ou encore de Raphael Enthoven: " " Quand une femme est menacée de mort, c'est elle qu'on protège. Pas les assassins putatifs ". écrit le philosophe.
Depuis le 18 janvier 2020, Mila et sa famille vivent sous surveillance policière. La jeune femme a dû quitter son lycée. Elle est devenue un symbole de la lutte contre le cyber-harcèlement au temps des réseaux sociaux.
"Twitter vient en effet de rétablir le compte de Mila, mais c'est un peu facile" ne décolère pas Me Malka, l'avocat de l'adolescente. "D'innombrables demandes ont été adressées à ce réseau par le parquet, pour lever l'anonymat derrière se cachent lâchement ceux qui la menacent de mort, poursuit l'avocat. Les gestionnaires du réseau ne peuvent pas prétendre qu'ils ne savaient pas.Ce que nous voulons savoir à présent, c'est si les comptes de ceux qui sont à l'origine de ce harcèlement massif contre Mila vont être suspendus. " interroge-t-il.
Interrogé par l’AFP, la société américaine a reconnu "une erreur". La décision d’intervenir a été "annulée et l’accès au compte a été rétabli."
Pour le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique Cédric O, "le rétablissement du compte intervient trop tard :
Le rétablissement du compte de @magicalorrs par @TwitterFrance intervient trop tard : la double peine pour #mila, constamment harcelée. Pour protéger les victimes en ligne, la régulation des réseaux sociaux est une priorité du @gouvernementFR #dsa #pjlprincipesrepublicains
— Cédric O (@cedric_o) March 15, 2021