Le conseil municipal de Villard-de-Lans (Isère) a voté, ce jeudi 26 octobre, l'échange d'un terrain dans le cadre du vaste projet immobilier de Tony Parker prévu au sein du parc naturel régional du Vercors. Une nouvelle étape dans ce programme a été franchie, malgré les oppositions d'habitants.
Une nouvelle étape a été franchie, ce jeudi 26 octobre au soir, dans le cadre du vaste projet de Tony Parker à Villard-de-Lans. En 2019, l'ex star du basket, désormais homme d'affaires, avait racheté la petite station du Vercors. Quelques mois plus tard, "TP" dévoilait ses ambitions : construire une résidence hôtelière 4 étoiles, l'"Ananda Resort", d'une capacité de 700 lits.
Ce projet estimé à 98 millions d'euros a franchi une nouvelle étape. Ce jeudi soir, le conseil municipal de Villard-de-Lans a voté un échange de parcelles, destiné à faciliter le programme de la Société d'équipement Villard&Corrençon (SEVLC) détenue par le basketteur. "C'est une avancée significative car je pense que ce projet structurant doit permettre la pérénnité de l'activité économique et d'envisager sa diversification", s'est réjoui Arnaud Mathieu, le maire (divers centre) de la commune.
Cet échange, voté à la majorité, permet à la SEVLC de récupérer un vaste parking situé en bas des pistes de skis. C'est ici que le complexe hôtelier devrait voir le jour. Mais celui-ci doit encore passer de nombreuses étapes : "Le projet va pouvoir se poursuivre. Nous devons répondre à l'autorité environnementale et déposer un dossier auprès d'elle. Ensuite, une phase de concertation publique va s'ouvrir avant un avis du préfet", explique le maire.
Une forte opposition
Pour l'édile, ce projet permettra de relancer l'attrait du village : "Villard-de-Lans est très attractive, parce qu'il y a notre station, nos équipements et cette proximité des grandes agglomérations. La pression foncière est telle que l'âge moyen des acquéreurs est de plus de 60 ans avec un prix moyen de 5 000 euros au mètre carré. Donc, s'il n'y a plus d'économie touristique, nous n'assurerons pas la diversité sociale de nos habitants. Nous n'aurons que des personnes âgées ou des personnes aisées. Je crois que le tourisme permet à une population salariée, moins aisée, de pouvoir continuer à travailler sur le territoire."
Cette vision ne fait pas l'unanimité au sein de la population. En marge du conseil municipal, de nombreux habitants ont décidé de manifester leur mécontentement vis-à-vis de ce projet . "Les hôteliers et les restaurateurs du plateau sont déjà en recherche de personnels. Ce n'est pas l'inverse. Ce projet me paraît complètement hors-sol, d'un autre temps", indique l'un des manifestants. "Ça va amener davantage de touristes alors que les actifs ont déjà du mal à se loger. Cela va avoir des conséquences, les écoles vont fermer, tout va fermer", regrette une autre.
Surtout, il ne faut pas créer de nouveaux lits et on arrête d'artificialiser.
Valérie Paumier, présidente de l'association Résilience Montagne.
"Nous sommes sur un développement que nous ne devons plus faire à cette altitude, indique Valérie Paumier, présidente de l'association Résilience Montagne. Quand on entend les arguments, nous avons le sentiment que nous sommes encore dans ce vieux plan neige des années 70, avec, soit disant, une économie de ruissellement grâce au ski. Dans le projet de Tony Parker, il est bien noté que ce programme ne fonctionne que si l'enneigement artificiel est développé. Non seulement, ça ne fonctionne plus climatiquement. Mais, d'un point de vue économique, on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas de ruissellement dans les territoires de montagne", avance-t-elle.
Pour elle, les priorités du territoire devraient aller à la rénovation énergétique et à la mobilité : "On rénove énergétiquement le bâti existant et on travaille et décarbone la mobilité. Surtout, il ne faut pas créer de nouveaux lits et on arrête d'artificialiser", explique Valérie Paumier.
Selon plusieurs études scientifiques, il sera difficile de skier dans des domaines situés entre 1 000 et 2 000 m d'altitude à l'horizon 2030/2050.