Les troupes de montagne françaises ont célébré leur 130 ans d'"esprit de cordée" en s'affrontant, mercredi 14 et jeudi 15 mars, avec les représentants de six pays lors d'épreuves hivernales à Chamrousse (Isère), une première dans leur histoire.
C'est sous la pluie et le vent que les 41 équipes, dont celles venant du Liban, de la Géorgie, de l'Italie, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et des États-Unis, ont pris le départ au petit jour pour un parcours révisant les savoir-faire des "alpins".
Trois boucles, et 1 000 mètres de dénivelé, étaient au programme: un atelier de vitesse, assez court, en raison d'un vent très violent avec des rafales à 100 km/h; de la technique de "conversions" en pente raide, suivie d'une descente en traineau simulant l'évacuation d'un blessé ; et une dernière montée avec des passages raides à 45°C, "skis sur le sac à dos".
Le tout à Chamrousse, berceau du ski, station olympique qui fête les 50 ans des JO de Grenoble et ville jumelée avec la 27e brigade d'infanterie de montagne (BIM), a détaillé le chef de bataillon Stéphane, officier montagne du 7e Bataillon de chasseurs alpins (BCA), organisateur du challenge hivernal cette année.
Chacun des quelque 200 soldats engagés, dont le général Pons commandant la 27e BIM, portait entre 16 et 20 kilos d'équipement: 8 kg pour le sac, un peu plus pour les deux équipiers qui portaient les modules du traineau, 2 kg à chaque pied chaussé de ski de randonnée et les 4 kg du fusil d'assaut Famas. "Au bout d'une heure, on le sent!", a confié l'organisateur.
L'équipe allemande, très affutée, est arrivée première en 1h22 minutes, coiffant de 9 minutes l'équipe fanion de la 27e brigade d'infanterie de montagne (BIM). Les derniers sont arrivés après 3h35 d'effort.
130 ans mais toujours d'actualité
"Nous l'avons emporté après un rude combat", a confié à l'AFP, beau joueur, le major Peter Baumert, de la 3e division de montagne, basée en Bavière. Le militaire a surtout souligné "l'importance d'être ensemble pour renforcer les relations", une expérience à "réitérer plus souvent à l'avenir" d'autant que les troupes se "retrouvent engagées ensemble dans des missions à l'étranger".
Devant cette épreuve, il semble bien éloigné le temps où les nations européennes s'entredéchiraient dans des guerres qui donnèrent naissance aux troupes de montagne. L'Autriche et l'Italie ont été pionnières au XIXe siècle. La création en 1872 des troupes italiennes a poussé la France à en positionner à la frontière, en 1888.
Parmi les "grands épisodes", le général Pons aime citer la Première guerre mondiale où ces troupes "gagnent leur surnom de +Diables bleus+, donné par les Allemands", la Seconde "où elles ont irrigué tous les maquis dans les Alpes" et, dans l'histoire plus contemporaine, leur engagement en Afghanistan ou au Mali.
Aujourd'hui, "il existe un véritable réseau des troupes de montagne dans le monde", souligne l'officier en rappelant les "nombreux partenariats de la France avec les pays de l'arc alpin (Autriche, Allemagne, Suisse, Italie)", mais aussi la Norvège pour travailler les déplacements "en zone grand froid".
Pour lui, "il y a une véritable actualité du combat en montagne (...) car ce sont des zones refuges privilégiées pour les mouvements insurrectionnels". En conséquence, de nombreux pays développent des troupes adaptées, "au Moyen-orient (Jordanie, Émirats arabes unis) ou en Ouganda en Afrique". Avec le Liban, le partenariat est très ancien.