Un étang, situé sur la petite commune de Revel (Isère), permet de simuler certaines navigations à travers les mers du monde. Les passages du canal de Panama, du cap Horn sont ainsi à l'échelle miniature, tout comme les navires.
Les skippers du Vendée Globe n'ont qu'à bien se tenir face à l'immensité de Port-Revel. Dans ce petit village de montagne situé sur le plateau de Chambaran, en Isère, un étang artificiel abrite tous les océans de la planète. Ici, on navigue au large du Cap Horn, dans la baie de San Francisco, sur les canaux de Panama ou de Suez...
À Port-Revel, toutes les infrastructures sont réduites au 1/25e. Tout comme les bateaux. Cet étang est dédié à la formation continue des capitaines de navires et des pilotes de port. Ils s'entraînent sur des maquettes très réalistes puisque porte-containers, navires de croisière, pétroliers ou encore vraquiers peuvent être embarqués.
L'infrastructure est une des rares au monde de ce genre et attire de nombreux marins du monde entier : "J'ai l'impression d'être au travail. Je n'ai pas l'impression d'être en France, au milieu des montagnes. Ça génère des émotions authentiques. Je ressens l'adrénaline. Je suis concentré sur mon boulot, je ne me sens pas sur une maquette. Le bateau réagit comme un vrai bateau", raconte Patrick Ninburg, pilote de port américain dans le Puget Sound, bras de mer de l'océan Pacifique qui s'arrête là où la ville de Seattle commence.
Un simulateur de houle
Ce matin, Patrick s'apprête à naviguer dans les écluses de Panama, d'ordinaire larges de 55 mètres pour 400 mètres de long. Ici, au pied des montagnes, elles sont réduites à quelques mètres. "Ok Patrick, c'était bien. Tu dois juste faire machine arrière un peu plus tôt, avant de finir de virer", conseille Eric Le Bolloc'h, instructeur.
"Le site est fait pour pouvoir rajouter du courant, du vent, limiter les moyens... Le but est de simuler aux stagiaires des choses un peu plus compliquées que d'habitude, des choses qui sortent de l'ordinaire avec des moyens un peu dégradés. Ce sont des situations qu'ils pourraient retrouver en cas de problème", explique le professeur.
Port-Revel possède un système unique au monde capable de reproduire la houle marine. Si les formations sur simulateur devant un écran existent, rien ne remplace le pilotage d'un vrai bateau, avec de vraies forces hydrauliques sous la coque : "On peut recréer à la demande des ports, des terminaux, pour que les gens s'entraînent comme s'ils étaient à la maison. Une des caractéristiques de la manœuvre, c'est l'anticipation. Manœuvrer un gros bateau, c'est conduire un 38 tonnes sur la neige avec un moteur de mobylette", raconte François Mayor, directeur d'Artelia Port-Revel.
D'habitude, Régis Daumesnil dirige un bateau de croisière. Sur les eaux de Port-Revel, il se retrouve à la manœuvre sur un porte-container : "On se retrouve sur des bateaux que l'on ne connaît pas forcément bien. On apprend d'autres dimensions. C'est un complément d'information et de vision extraordinaire. On vit pleinement notre manœuvre. C'est captivant. À peine arrivé, on a envie de revenir."
Port-Revel est le leader mondial de la formation à la manœuvre maritime. Cette planète en miniature a plus de 50 ans, et fascine encore les capitaines venus de toutes les mers du globe.