Au 1er janvier 2024, les professionnels et les particuliers devront traiter leurs déchets organiques. Une opportunité pour un couple de Chimilin (Isère) qui s'est lancé dans l'élevage de vers de terre. Ces petits animaux sont les rois du compostage et traitent les biodéchets pour les revaloriser.
Il pleut à verse sur la petite commune de Chimilin, située dans le nord du département de l'Isère. L'humidité est à son comble. Une bonne nouvelle pour les petits protégés de Sandrine et Anthony Perrier. Ce couple isérois s'est lancé, il y a quelques mois, dans un élevage professionnel de vers de terre.
Ces animaux, photophobes et attirés par les terres humides, sont considérés comme des "ingénieurs de l'écosystème" : ils conditionnent la formation du sol et le cycle des nutriments. Ils servent aussi à la réalisation du lombricompost, un "amendement très riche, que l'on va ensuite disposer directement sur la terre pour permettre une germination très rapide", explique Sandrine Perrier.
"C'est un moyen naturel et vertueux de recycler ses déchets. On traite du biodéchet et du déchet vert", poursuit-elle. Les lombricomposts sont, en effet, constitués des "tontes d'arbres, des tailles de haies et compagnie, mais aussi des retours de table et de cuisine", détaille son mari, Anthony Perrier.
"Une armée de vers décomposeurs"
Si cet élevage d'"Eisenia fetida", une variété très vorace de vers de terre, peut paraître incongru, il devrait avoir le vent en poupe dans les prochains mois. Pour cause, l'obligation de composter les déchets biodégradables rentrera en vigueur au 1er janvier 2024 et concernera les professionnels et les particuliers. Conformément à la loi de 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, cette mesure permettra de produire de l'énergie renouvelable ou de valoriser les matières organiques, notamment à partir de ces filières d'élevage.
"Quand on a créé la ferme à grande échelle, nous en avions déjà une partie sur place. Mais nous avons acheté un cheptel de reproducteurs pour augmenter notre nombre de vers décomposeurs. C'est une armée de vers décomposeurs", raconte Anthony Perrier, qui, avec sa femme, a dû apprendre quelques techniques avant de se lancer dans l'aventure. Ils ont, par exemple, disposé plusieurs bacs à compost dans un abri sombre et humide de leur exploitation afin de faciliter la reproduction des vers. Dans ces bacs, "nous avons tous les types de vers : des cocons, des vermisseaux et des adultes", explique-t-il.
"C'est un élevage, on travaille avec du vivant. Il faut apprendre à connaître ces animaux pour les élever dans les meilleures conditions et avoir de bons taux de reproduction. Certains élèvent des chevaux, d'autres des vaches, nous, ce sont des vers de terre", conclut-il.