En classe, les élèves portent le masque en permanence pour éviter la propagation du Covid-19. De quoi changer la façon de regarder les autres à l'adolescence. Reportage au lycée Ferdinand Buisson à Voiron en Isère.
Ils portent le masque quasiment tout au long de la journée pour se protéger de l'épidémie de Covid-19. En classe, comme au lycée Ferdinand Buisson à Voiron dans l'Isère, les élèves sont masqués de manière systématique en classe. Pour les plus jeunes qui sont entrés en seconde en septembre, se faire des amis est donc une tâche plus compliquée qu'avant. "On a du mal à faire de nouvelles rencontres avec le masque. On n'a pas la même approche qu'avant où on pouvait faire la bise et tout", dit Alice Plaisantin, une élève du lycée.
Pour l'un de ses camarades de classe, Ethan Gullon, le masque pousse cependant à dépasser l'aspect purement physique. "Avant on s'identifiait plus au physique. Là on regarde plus profondément la personne", glisse t-il. Installée à la table voisine dans la classe, Elise Rastello discute du pouvoir de l'imagination. "Vu qu'on voit que les yeux, on image le reste de la figure et après on voit le reste du visage en cours d'EPS. Il y a certaines personnes où c'est pas du tout ce qu'on imaginait, c'est complètement différent", estime t-elle.
Cette mesure sanitaire dure à supporter au quotidien n'est pourtant pas si efficace selon un autre élève. "Cela manque de cohérence car on porte le masque plusieurs heures par jour en classe, dans les couloirs etc, mais on l'enlève une fois au self où on est très regroupé. Tous les efforts qu'on a mis en place pour éviter cette propagation vont être ainsi annulés", dit-il.
Regardez le reportage complet sur les élèves et le port du masque ci-dessous.
"Ils sont très portés sur le regard d'autrui"
Le masque gêne les adolecents dans la construction de leur identité. "L'adolescent donne beaucoup d'importance à son image. Ils sont très portés sur le regard d'autrui, d'autant plus qu'ils sont sur leurs réseaux sociaux en permanence où l'image est privilégiée", analyse Christine Cannard, docteur en psychologie à l'université Grenoble-Alpes. Selon la chercheuse, les lycéens "sont privés d'une partie de leur visage". "Pour eux c'est dramatique. On peut se passer d'exprimer ses émotions par le bas du visage mais pour ça il faut s'adapter".
Visionnez l'interview complète de la chercheuse Christine Cannard ci-dessous.